
Après avoir entamé votre carrière à Abidjan, vous vous êtes établie au Maroc où vous poursuivez votre ministère. Pourquoi un tel choix ?
Effectivement, j’ai démarré ma carrière à Abidjan en Côte d'Ivoire pour m’installer à Casablanca au Maroc. Nous avons même ouvert une église dans cette ville du Maroc. J'y ai également ma salle que je mets en location et le siège de mon ONG. Maintenant, je suis beaucoup plus orientée vers la France, l'Europe, où je fais beaucoup plus d'entrées et de sorties en termes de spectacles.
Pourquoi en tant que chantre optez-vous pour le Maroc qui est un pays musulman ?
Les choses ne se font pas au hasard, elles se font selon la volonté de Dieu. En tant que chantre de l’éternel, je fais les choses par ressentiment et par direction de Dieu. C'est donc Dieu qui m'a poussée à aller m’installer au Maroc. Mais ce qui est à la base de ce choix, est que mon mari et moi, nous avons été agressés à Abidjan chez nous. Notre agresseur armé, s’est finalement rétracté en nous avouant qu’il agissait sur ordre de quelqu’un pour nous tuer.
Il a même confessé que c'était des proches qui l'avaient envoyé. Après son départ, nous avons prié et le Seigneur nous a demandé d’aller au Maroc. Depuis que nous avons obéi à cette prophétie, tout marche bien pour moi. Et je puis vous dire que je suis la seule chantre au Maroc dont les concerts font salle comble avec une grande participation de la communauté marocaine. Un fait rare au Maroc. Pour dire que j'ai carrément été adoptée par les Marocains, les autorités marocaines également, qui m'ont donné une salle gratuite pour les activités de mon ONG.
Quelle est la particularité de ce que vous faites, au point d’être tant aimée et adoptée au Maroc ?
Je fais du gospel, de la musique dansante, certes, mais je m’oriente beaucoup plus vers la musique de compassion, parce que Dieu m'a donné un cœur qui compatit aux problèmes des autres. Mers thèmes de prédilection sont la compassion, les difficultés que les gens peuvent vivre et surtout l'espoir. Toute chose qui a motivé d'ailleurs, la création de mon ONG dénommée l'association Jodel pour la culture, l'éducation et les affaires sociales.
C'est une ONG qui aide les veuves, les orphelins et les personnes vulnérables. En clair, ma particularité est que je ne suis pas de ces chantres qui ciblent les personnes qui ont réussi pour les séduire, mais plutôt celle-là qui est à l’écoute des souffrances des autres. J’ai plus de douze albums et de nombreux singles.
Avec une telle discographie, pourquoi l’explosion sur le plan national tarde tant ?
Je me concentre d’abord à mettre sur pied ici une maison de production dans le sens d’aider les artistes qui n’ont pas de moyens. Mon ambition est d’aider les jeunes talents qui ont du mal à éclore par faute de moyens. Vu mes débuts ici, je sais combien les aides et soutiens contribuent à l’épanouissement et à l’éclosion d’un artiste.
Après cette étape, je commencerai à investir dans les spectacles en Côte d’Ivoire. Donc, si je n’explose pas ici en Côte d’Ivoire, c’est un choix que j’ai fait, vu que j’avais déjà été menacée d’atteinte à ma vie. C’est dans une grande discrétion que je viens ici. Je veux investir ici, les moyens étant là.
« Les chantres chrétiens se contentent de reprendre des chansons déjà connues dans les églises »
Comment jugez-vous le niveau de la musique religieuse chrétienne en Côte d'Ivoire ?
Les chantres chrétiens ivoiriens doivent innover. Ils doivent vraiment travailler parce que nous sommes restés depuis longtemps dans un cadre un peu trop carré. On ne fait pas d'innovation en tant que chrétiens. Les chantres chrétiens se contentent de reprendre des chansons déjà connues dans les églises. Ce qui n’est pas le cas chez les artistes d’autres courants ou genres musicaux. L’originalité manque dans le milieu des chantres chrétiens. Toutefois, j’encourage certains chantres chrétiens qui font beaucoup. Il y a ces temps-ci, de jeunes talents qui sortent des choses exceptionnelles.
KS Bloom, comment le trouvez-vous ?
C'est effectivement de lui que je voulais parler, parce qu'il fait quelque chose qui sort de l'ordinaire. Il fait quelque chose qui n'existait pas. Il faut que les chantres chrétiens fassent quelque chose qui sort de l'ordinaire. La plupart, malheureusement, se contentent de faire du réchauffé en copiant sur une œuvre discographique, tout ce qui est déjà chanté à l’église. Il faut donc que les chantres se mettent au travail, parce que nous avons le Dieu qui est plus grand que tout, qui donne des inspirations.
Quelles seront vos prochaines missions ?
Pour le moment, je me concentre sur la recherche de partenaires pour mon ONG, ce qui fait que je suis très souvent entre deux avions. Notre vision est de construire des écoles pour aider les enfants démunis. Nous voulons vraiment aider un plus grand nombre de personnes aux ressources limitées.
Au Togo, au Bénin, au Burkina Faso, où on a fait des dons, j’ai vu combien ces personnes étaient heureuses de recevoir le peu qu’on leur a donné. J’ai même pris en charge au Togo, un artiste non fonctionnel. J’entame très bientôt, une tournée en France, en Suisse et dans d’autres pays européens.
Philip KLA