
Ce qui se joue au PPA-CI ressemble, à s’y méprendre, à un jeu de dames. Ainsi, après que Don Mello a poussé son pion, le président exécutif de ce parti, Dano Djédjé, a aussi poussé le sien. En d’autres termes, le courrier adressé par le premier à l’ancien président Laurent Gbagbo, le suppliant quasiment d’autoriser des candidatures de ‘’précautions’’, 2 ou 3, au cas où la sienne était recalée par le Conseil constitutionnel, a été fraîchement accueilli par Dano Djédjé, président exécutif du PPA-CI, qui a rappelé au destinateur (sans jamais le citer) que Laurent Gbagbo demeure toujours, au cas où il l’aurait oublié, le Plan A à Z de cette formation.
Non sans prendre la peine de nier l’existence de la lettre incriminée. Cependant, il n’a pas moins tenu à mettre les points sur les ‘’I’’ afin que nul n’en ignore. Aussi, a-t-il rappelé que « le Comité central du PPA-CI, réuni le 9 mars 2024, a désigné Laurent Gbagbo comme candidat officiel du parti à l’élection présidentielle de 2025 ». Cette décision, a poursuivi le Pex, a été entérinée publiquement lors de la double cérémonie de Convention et d’investiture, le 10 mai 2024. « Le PPA-CI travaille, depuis lors, activement à la collecte des parrainages, et a déjà reçu à cet effet les kits de parrainage de son candidat », at-il lancé. Dès lors, pour lui, il n’y a ni plan B, ni plan de précaution. « Cette diversion, orchestrée de manière grossière, vise uniquement à masquer le fait que le RHDP, lui, n’a toujours pas de candidat officiellement déclaré, à trois mois du scrutin », a chargé Dano Djédjé. Du coup, on peut le regretter, le RHDP « a pris balle perdue », comme dirait le petit Moussa.
Les propositions de Don Mello ne manquent pas d’intérêt
Et pourtant, les propositions de Don Mello ne manquent pas d’intérêt. « Il faut éviter de répéter la politique de la chaise vide au risque de vider le parti de sa substance non idéologique et non résiliente après les élections de 2025 et de perdre toute influence sur la scène politique », prévient-il. Avant d’en venir au cœur de sa requête. « (…) Je propose que tu autorises, en plus de ta candidature, deux ou trois autres camarades à déposer leurs dossiers de candidature et qu’une Convention extraordinaire puisse choisir le candidat du parti parmi ceux qui passeront au filtre du Conseil constitutionnel », propose-til. Mais, ces propositions de bon sens ne sont pas du goût de Laurent Gbagbo qui a dû actionner le président exécutif de son parti pour qu’il leur oppose une fin de non-recevoir. Cette parenthèse est donc fermée aussitôt ouverte. La balle est désormais dans le camp de Don Mello.
Acceptera-t-il de rentrer dans les rangs et de se tenir coi après que sa requête a été retoquée ? Ou, va-t-il tirer les conséquences de cette occurrence à laquelle il devrait quand même s’attendre, connaissant Laurent Gbagbo qu’il fréquente depuis des décennies ? Il devrait donc savoir que celui-ci n’aime pas les têtes qui dépassent et aiment plutôt s’entourer de « commensaux » ou de « suiveurs » aptes à dire « oui » à tout ce qu’il dit ou propose. Or, ce n’est pas le cas de cet ingénieur qui a la réputation d’être un fort en thèmes. Dès lors, il ne lui reste plus qu’une solution, prendre ses responsabilités et assumer son destin. Il n’a alors pas d’autres choix que de sortir du PPA-CI avec ceux qui croient, comme lui, qu’il faut qu’il y ait une vie après et en dehors de Gbagbo dont la candidature n’a aucune chance de passer l’obstacle du Conseil Constitutionnel. Dans ce cas, il n’est pas exclu qu’il entraine à sa suite, la majorité des militants et sympathisants lucides. Parce qu’au-delà de l’idolâtrie vouée à Gbagbo, il y en a au PPA-CI. Heureusement.
Ambroise Tiétié