
Durant deux jours, dirigeants fédéraux, encadreurs techniques, responsables de clubs, éducateurs, juristes et médecins ont réfléchi ensemble à une réforme en profondeur. En chef d’orchestre de cette mutation, le Président de la FIF, Yacine Idriss Diallo, a donné le ton dès la cérémonie d’ouverture, insistant sur l’urgence de « prendre à bras-le-corps la problématique des centres de formation ». Dans un discours aussi direct que visionnaire, le patron du football ivoirien a dressé les grandes lignes de la nouvelle politique fédérale en matière de développement du football à la base : « Notre objectif est de faire en sorte que tous les jeunes ivoiriens qui jouent au football, dans toutes les régions, soient répertoriés, enregistrés, suivis », a-t-il affirmé.
Système repensé, du terrain aux textes
Ce séminaire a permis de poser les premières bases d’un système de classification des centres, accompagné d’un processus d’enregistrement rigoureux des structures et des joueurs. Il ne s’agira plus simplement d’ouvrir un centre, mais de répondre à des normes strictes : présence d’encadreurs qualifiés, suivi médical régulier et cadre favorable au développement global des jeunes. Le Directeur Technique National, Lounès Hattab, a dressé un diagnostic sans concession, montrant les limites de l’existant. Son plaidoyer pour une structuration claire et équitable a trouvé un large écho favorable. En parallèle, Benoît You, DG de l’ASEC Mimosas, a partagé l’exemple de l’Académie MimoSifcom, véritable référence continentale.
Virage éthique et humain
Mais au-delà des textes, la FIF veut également protéger les jeunes contre les dérives, notamment les départs incontrôlés vers l’étranger. Le Président Diallo n’a pas mâché ses mots. « Nos enfants ne seront plus à la merci des gens qui les envoient en esclavage de l’autre côté du monde », a-t-il martelé, appelant à une responsabilité collective pour offrir à chaque jeune footballeur, un cadre sécurisé, éducatif et structurant. Cette volonté s’inscrit dans la dynamique de « safeguarding », impulsée par la FIFA, qui place la protection des enfants au cœur des politiques sportives. Désormais, chaque centre devra intégrer cette approche, en lien avec les familles. « Les parents doivent être rassurés », a-t-il insisté, affirmant que fille ou garçon, chaque enfant a droit à un environnement propice à son épanouissement sportif et personnel.
Premier bilan dès 2026
Les travaux ont débouché sur plusieurs résolutions structurantes, dont la mise en œuvre effective conditionnera la réussite de cette réforme. Le président de la FIF a été catégorique : « Il faut que ces résolutions soient fondamentalement appliquées », a-t-il invité. Un premier bilan est annoncé pour l’année prochaine afin de mesurer les progrès sur le terrain. Avec ce séminaire, la Côte d’Ivoire ne se contente plus de produire des talents : elle veut les former, encadrer et protéger dans une vision durable et responsable. Un tournant stratégique est amorcé.
Olivier YEO