
Parmi ceux-ci, l’on compte l’ancien président Laurent Gbagbo, le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, l’ancien Premier ministre et président du FPI, Pascal Affi N’Guessan. Après avoir agité le chiffon rouge de la manipulation des parrainages et développé les thèses complotistes, ces tenants de l’opposition ont fait l’amer constat de ce que leurs candidatures ont été invalidées et le pays suit son cours normal. Chaque matin, le soleil continue de se lever à l’Est, les oiseaux continuent de chanter, les maquis de Yopougon continuent de grouiller de monde et les investisseurs continuent de se bousculer aux portes de la Côte d’Ivoire.
Ceux qui avaient prédit qu’un hypothétique rejet de leur candidature allait précipiter le pays dans l’abîme, ont réalisé euxmêmes que les priorités des Ivoiriens sont ailleurs. Ceux-ci qui connaissent désormais le prix de la paix et du développement ne sont plus prompts à descendre dans les rues, comme par le passé pour battre le pavé pour un politicien. Fût-il ancien opposant historique, ancien président de la République, ancien Premier ministre ou encore égérie de grandes firmes internationales.
Cette propension politicienne à se faire peur n’est qu’une illusion qui ne repose que sur des incantations et des mots d’ordre creux
Voyant que leurs noms ne peuvent plus mobiliser, ces opposants ont décidé de changer de paradigme en prêchant l’évangile du chaos sur leur pays, si l’on ne revient pas sur les conditions de tenue du scrutin présidentiel du 25 octobre prochain. À la faveur de la visite en terre ivoirienne de l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, la semaine dernière, comme s’ils se sont passé le mot, tous les recalés ont indiqué à l’émissaire d’Antonio Guterres qu’une élection présidentielle en Côte d’Ivoire, sans eux, va entraîner le pays dans le chaos.
Au-delà des égards protocolaires et diplomatiques, ces affirmations ont dû faire sourire l’émissaire onusien qui a constaté lui-même, qu’objectivement, aucun péril ne plane sur le pays, contrairement au bagout des candidats recalés. Soutenir qu’une élection, le samedi 25 octobre, sans Gbagbo, Thiam et Affi N’Guessan va entraîner le chaos dans le pays, est une manœuvre dilatoire de se faire soi-même peur. Les candidats recalés se font eux-mêmes peur, parce que les Ivoiriens qui ont tiré les leçons des crises successives dans leur pays, ont finalement compris que les incantations politiques, les marches de contestation improductives ne peuvent pas développer un pays et ne peuvent rien apporter à l’amélioration de leurs conditions de vie.
Les ivoiriens qui connaissent la profondeur du trou duquel ils sont sortis après 2010 ne veulent plus y retourner
Les populations, qu’elles soient dans les zones rurales ou en ville, ont compris aujourd’hui que cette propension politicienne à se faire peur n’est qu’une illusion qui ne repose que sur des incantations et des mots d’ordre pour la mise en scène du désordre. Plus grave, des officines obscures commencent à instaurer une sorte d’atmosphère anxiogène en demandant aux populations de faire des provisions, parce qu’après le 25 octobre et même peut-être avant, le pays sera mélangé. D’autres encore, plus alarmistes, demandent à leurs proches de vider leurs comptes bancaires et d’avoir du cash sur eux, pour pouvoir prendre la route de l’exil, quand tout sera gâté après le 25 octobre. Voici autant d’artefacts que développent certains candidats recalés pour susciter une adhésion populaire à leur projet de revenir dans le processus électoral.
L’objectif, in fine, est d’amener les populations à se mobiliser pour leur réintégration dans le jeu électoral afin d’éviter une autre crise à la Côte d’Ivoire. Mais face aux fruits de la croissance et aux effets du développement, cette diversion ne peut pas résister à la lucidité collective. Le transporteur qui roule sur des routes et autoroutes praticables ne peut pas garer sa voiture pour aller marcher et casser pour un homme politique qui a tout eu dans sa vie et a déjà assuré ses arrières. Idem pour ces jeunes entrepreneurs et promoteurs de startups qui rêvent de devenir de vrais champions nationaux. Ces opposants du passé et dépassés peuvent continuer de souhaiter et peut-être préparer le pire pour leur pays. Mais le pays ne sombrera pas, parce que les Ivoiriens connaissent la profondeur du trou duquel ils sont sortis après 2010 et ils ne veulent plus y retourner.