
A quel saint vont finalement se vouer l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, fondateur du PPA-CI et Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, après qu’ils ont fait chou blanc, successivement, devant la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples (CADHP), l’Union européenne, l’ONU et, qui sait, demain, le Vatican ? On peut donc le dire, l’opposition ivoirienne a échoué partout où elle a voulu défendre sa cause. L’arrêt rendu par la CADHP en réponse à un courrier de clarification que lui a adressé Me Habiba Touré, porte-parole du PPA-CI, constitue sans nul doute un vrai camouflet pour cette formation politique.
Il faut rappeler que le 26 juin dernier, cette même Cour avait rejeté les requêtes de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro qui estimaient que plusieurs de leurs droits avaient été violés. Aussi, la CADHP a estimé que Laurent Gbagbo "n'avait pas apporté la preuve de ses allégations" et a décidé que la Côte d'Ivoire n’avait pas violé son "droit de participer librement à la direction des affaires publiques". La Cour a également affirmé que Laurent Gbagbo n'avait pas été victime de traitement inégalitaire. Dans un autre arrêt, la Cour a jugé la requête de Guillaume Soro "irrecevable" car, il restait des "recours internes" au requérant lorsqu'il avait déposé sa requête.
Le Comité des droits de l’Homme a rendu un premier arrêt
Quant au Comité des droits de l’Homme de l’Onu, il a rendu un premier arrêt dans lequel il a aussi rejeté la doléance de Laurent Gbagbo relative à sa réinscription sur la liste électorale. Mais, l’interprétation que chaque camp (pouvoir ou opposition) a donné à cette décision a conduit Me Habiba Touré, qui s’est abondamment prononcée là-dessus en laissant accroire que le Comité avait enjoint à l’Etat de Côte d’Ivoire d’inscrire le nom de son patron sur la liste électorale, à saisir à nouveau le même organe afin qu’il clarifie sa position sur ce dossier sensible.
En réponse, dans le nouveau courrier daté du 26 août et rendu public ce mardi, l'ONU a précisé que « le Comité, par l'intermédiaire de ses rapporteurs spéciaux sur les nouvelles communications et mesures provisoires, n'a pas octroyé les mesures provisoires visant à demander à l'État parti d'inscrire M. Gbagbo sur les listes électorales ». Les moyens de garantir ses droits politiques, poursuit le texte, « sont laissés à l'appréciation de l'État partie, dans le cadre du respect et de l'application de ses obligations » internationales. En clair, l'ONU ne prescrit pas de mesure précise au pouvoir d’Abidjan, contrairement aux allégations de Me Habiba Touré.
Contrairement aux allégations de Me Habiba
L'ONU rappelle, en outre, que l'enregistrement d'une communication ou l'examen d'une demande de mesures provisoires « ne signifie pas qu'une décision ait été prise sur la recevabilité de la communication ou sur le fond des allégations ». La Côte d'Ivoire dispose jusqu'au 20 février 2026 pour répondre aux arguments soulevés par M. Gbagbo. Au niveau de l’Union européenne, la cause de l’opposition est également entendue, puisqu’à l’instar de l’ancienne puissance coloniale, la France, qui pratique une politique de « ni ingérence », « ni indifférence », dans le respect de la souveraineté des Etats, les 27 n’entendent pas se substituer aux institutions ivoiriennes.
C’est une position qui a le mérite de la clarté, en même temps qu’elle met l’opposition face à ses responsabilités. Le salut ne viendra de nulle part. Quant au PPA-CI et à son leader, on peut dire qu’ils ont été sonnés par la dernière décision du Comité des droits de l’Homme de l’ONU qui a fait voler toutes leurs illusions. Un vrai coup de marteau !