Monsieur Anzoumanan Ouattara, maire de la capitale du District du Zanzan, a été élu sous la casquette « indépendant » aux élections municipales de septembre 2023. Jusque-là, d’aucuns arrivent difficilement à expliquer ce qui a bien pu se passer pour que Bondoukou, d’abord bastion du RDR puis du RHDP, file entre les mains d’un indépendant très jeune qui s’essayait à la politique. Il est toutefois bon de souligner que cette situation a été favorisée par le RHDP qui avait misé sur un mauvais cheval. Le jeune candidat de l’époque, qui surfait sur la fibre ethnique, et le vote sanction des militants du RHDP ont fini par lui ouvrir grandement les portes de la mairie de Bondoukou.
Depuis cette date, Monsieur Anzoumanan Ouattara, auréolé de cette victoire, s’est donné pour mission d’arracher tous les postes électifs au RHDP. Pour lui, le calcul est simple : le RHDP ne se remettra pas de sitôt de ses divisions internes à la suite des élections municipales. L’objectif le plus imminent est donc d’arracher les deux postes de député, puis de mettre le cap sur le Conseil régional. Il était sûr de son affaire et évoquait même sa stratégie en public. Mais seulement voilà. En octobre 2024, le Président du Directoire, Gilbert Kafana Koné, décide de parcourir toutes les zones dans lesquelles il y a des dissensions internes au RHDP. Le 6 octobre 2024, Kafana parvient donc à ramener l’union sacrée entre les cadres du RHDP de Bondoukou. Face à cette situation, le nouveau maire indépendant, qui s’était donné pour mission d’arracher tous les postes électifs au RHDP, est très contrarié, car en aucun cas il ne peut vaincre un RHDP uni et soudé dans la ville aux mille mosquées.
Très futé, il décide de militer au RHDP. Ainsi, le mois suivant, précisément le 2 novembre 2024, il annonce dans son village à Dua Kouamé qu’il est désormais militant du RHDP. Fier de cette adhésion qui vient renforcer la famille des houphouëtistes dans le Zanzan, le ministre d’État Kobenan Kouassi Adjoumani le présente ès qualités à plusieurs activités du RHDP. Ce fut le cas des pré-congrès éclatés et d’autres activités du Parti. Mais fait notable : le maire n’a jamais voulu officialiser son adhésion au RHDP en prenant sa carte de militant. En son temps, certains cadres avaient sonné l’alerte, estimant que le jeune maire voulait rouler tout le monde dans la farine, mais ces derniers n’ont pas été écoutés. Ainsi, l’adhésion du maire Anzoumanan Ouattara au RHDP s’est limitée à une simple déclaration, sans jamais mettre les pieds au siège du Parti pour officialiser son adhésion avec sa carte de militant.
Puis vint la période de la campagne présidentielle. Notre « militant » du RHDP est intégré dans la Direction communale de campagne. Ensuite, le RHDP du Gontougo lui ouvre le boulevard dont il se sert aujourd’hui pour narguer le président et le RHDP. En effet, alors qu’il n’est reconnu dans aucun fichier du Parti, qu’il ne milite dans aucune section et ne figure dans aucune structure du Parti, il sera désigné comme porte-parole des populations lors de la visite du président du RHDP à Bondoukou le 16 octobre 2025. Cette situation n’a pas manqué de soulever le courroux de certains cadres. Le président Ouattara n’était pas en visite d’État pour dire que c’est le maire de la ville qui doit prendre la parole au nom des populations. C’était le candidat d’un parti qui était en campagne pour le compte de son parti.
Alors question : comment quelqu’un qui n’est reconnu dans aucun fichier du Parti et qui ne dispose même pas d’une carte de militant a-t-il pu être honoré de la sorte, au détriment de valeureux cadres, députés, maires et présidents de Conseils régionaux de deux régions (le Gontougo et le Bounkani) ? Aujourd’hui encore, l’on continue de s’interroger sur cet affront.
Mais là où le maire indépendant « va sortir dans le dos » du RHDP, c’est au moment du dépôt des dossiers pour le parrainage du Parti. À Bondoukou, ils sont douze cadres à avoir déposé leurs dossiers de candidature, y compris les deux députés sortants et le maire. Avant même que le Parti ne publie la liste des candidats retenus, et ayant eu vent du fait que la Direction a décidé, dans la plupart des cas, de reconduire les députés sortants, le maire anime une conférence de presse le mercredi 5 novembre 2025 pour annoncer les couleurs. Quelques morceaux choisis de sa conférence encore disponible : « Si la Direction ne me choisit pas, j’aviserai. »
« Je n’ai pas signé de pacte avec le RHDP. ». « J’ai une famille politique et je vais consulter ma famille politique pour voir la conduite à tenir. »
« Nous sommes en politique et, en politique, chacun calcule. Si le RHDP ne m’arrange pas, je ne me plierai pas à leur décision. »
En termes clairs, le maire a voulu anticiper pour annoncer sa candidature, chose qu’il matérialisera quelques jours plus tard en déposant ses dossiers à la CEI sous la casquette d’indépendant. Après cet acte, certaines têtes couronnées de Bondoukou ont tenté de l’en dissuader. Interrogé, un notable bien connu à Bondoukou est très remonté contre l'attitude du maire.
« Ce fut un grand honneur pour Bondoukou d’accueillir le président Ouattara lors de sa campagne, pour laquelle il n’a visité que trois localités : Daloa, Yamoussoukro et Bondoukou. Avec tout ce qu’il a fait pour Bondoukou et la région, et surtout la construction de la plus belle université de Côte d’Ivoire, il n’est pas moralement bon d’aller contre la décision du chef de l’État. Plus grave : c’est notre jeune frère qui a pris la parole devant le chef de l’État et tous les rois réunis. Comment expliquer que le jeune frère puisse se dresser contre la volonté du chef au nom d’une quelconque ambition ? Des démarches ont été entreprises pour l’amener à retirer sa candidature pour l’honneur et l’image de la région, mais il n’en fait qu’à sa tête », a déploré un chef traditionnel très bien connu dans la région.
Et comme si cela ne suffisait pas, depuis quelques jours, le maire a placardé dans toutes les ruelles de la ville des panneaux publicitaires de son poster avec le président Alassane Ouattara. Certains jeunes du RHDP, estimant que la ligne rouge a été franchie dans l’effronterie du maire vis-à-vis du président, ont voulu saccager les panneaux, mais ils ont été dissuadés. Comment peut-on cracher sur la signature du président Alassane Ouattara et utiliser son image pour vendre sa candidature ? Comment peut-on utiliser l’image d’un président de parti pour battre campagne alors que lui-même a ses candidats dans la même circonscription ?
À la vérité, le maire Anzoumanan Ouattara a niqué tout le monde au RHDP à Bondoukou. Et aujourd’hui, il continue de narguer les cadres et même le président Alassane Ouattara, à qui il a décidé de désobéir avec une arrogance révoltante.
Personne ne peut empêcher le maire de se porter candidat à une élection : c’est son droit le plus absolu. Mais là où il décide de souiller l’image du président et du RHDP, il trouvera du répondant en face. Pour tout ce qu’Alassane Ouattara a fait dans ce pays, l’on ne doit pas permettre à un jeune prétentieux de continuer à le défier avec arrogance.
Bema Bakayoko
