Politique

Tiassalé : la nuit où le mythe Assalé s’est effondré

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© Droits réservésil quitte les lieux escorté par ses gardes du corps, la mort dans l’âme.
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Tiassalé n’a pas dormi. La démocratie, elle, a veillé jusqu’à l’aube.

Et à l’arrivée, le verdict des urnes a été sans appel : Assalé Tiémoko Antoine, député-maire sortant, a vu son rêve de victoire s’éteindre au petit matin, balayé par la réalité des chiffres et la rigueur du processus électoral. Il est un peu plus de 5 heures du matin lorsque l’homme, sûr de lui quelques heures plus tôt, quitte le siège de la Commission électorale indépendante (CEI) locale. Tête basse, regard fuyant, mine défaite. La scène tranche violemment avec l’assurance affichée sur les réseaux sociaux quelques instants auparavant.

Le suspense, puis la chute

La nuit électorale aura été longue, haletante, presque théâtrale. Aux premières remontées, Alpha Sanogo prenait une avance confortable dans la commune de Tiassalé. Restait alors l’espoir des deux sous-préfectures : Tiassalé et Morokro. Lorsque Morokro livre ses résultats, le député-maire reprend brièvement l’avantage. L’euphorie est immédiate. Les publications triomphalistes inondent Facebook. Les cyber-activistes sont mobilisés. La victoire est annoncée avant d’être acquise. Trop tôt. Beaucoup trop tôt.

Car vers 4 heures du matin, les chiffres de la sous-préfecture de Tiassalé tombent comme un couperet. Le score est sans équivoque : Alpha Sanogo pulvérise Assalé Tiémoko Antoine. En quelques minutes, l’illusion s’effondre. Sonné, le député-maire sortant tente alors une manœuvre de dernière minute. Il exige la suspension de la proclamation, brandissant une copie de procès-verbal qui, selon lui, ne correspondrait pas à celle de la CEI. Les échanges sont vifs. Les débats durent une trentaine de minutes. Mais le président de la CEI locale reste intraitable. La compilation se poursuit, méthodiquement, jusqu’à 6 heures du matin. Verdict final : près de 1 000 voix d’écart en faveur d’Alpha Sanogo.

Du triomphe virtuel au complot réel

Au QG d’Assalé, c’est la consternation. Les cris à la fraude fusent. Très vite, le député-maire lui-même reprend la rhétorique du complot. Sa page Facebook se transforme en tribunal populaire, alimentée d’accusations, de soupçons et d’amalgames. Pourtant, sur le terrain, la CEI poursuit son travail en présence des candidats ou de leurs représentants. Assalé est là. Il assiste à la proclamation du résultat provisoire. Puis, incapable d’assumer la sentence des urnes, il quitte les lieux escorté par ses gardes du corps, la mort dans l’âme.

Yacouba Doumbia