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Accusations infondées

Accusations infondées : Ces candidats qui doivent des excuses à la CEI !

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© Droits réservésLa critique est légitime. La mauvaise foi, elle, est impardonnable
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À chaque échéance électorale en Côte d’Ivoire, le scénario semble immuable.

La Commission électorale indépendante (CEI) devient le punching-ball favori de certains candidats en difficultés. Accusations tonitruantes, soupçons de fraude savamment distillés, procès d’intention à peine voilés. Puis, une fois élus… plus rien. Silence radio. Amnésie politique. À Port-Bouët, le député sortant Emmou Sylvestre avait saisi la CEI par exploit d’huissier pour dénoncer la prétendue disparition de 25 000 cartes d’électeurs. En filigrane, l’idée d’une fraude planifiée. Une accusation grave, lourde de conséquences pour la crédibilité du processus électoral. Mais une fois réélu dans sa commune, plus un mot. Plus d’indignation. Plus de plainte. La CEI, hier accusée, est soudain devenue fréquentable.

Même scénario à Cocody, où Jean Marc Yacé avait dénoncé sa position sur le bulletin de vote, se plaignant d’être classé 14ᵉ, comme s’il s’agissait d’un complot. Il feignait d’ignorer que l’ordre sur le bulletin est strictement lié à la date de dépôt des candidatures. Premier à déposer, premier sur la liste. Simple. Transparent. Réglementaire. Il avait également dénoncé la présence de son nom sur une fiche de résultats agrafée, oubliant ou feignant d’oublier que les fiches sont conçues pour 13 candidats et qu’une fiche additionnelle est prévue lorsque le nombre de candidatures dépasse ce seuil. Là encore, l’accusation s’est évaporée aussitôt l’élection remportée.

À Tiassalé, le député sortant, battu à plate couture, accuse la Commission d'avoir favorisé la fraude. Pourtant, c'est cette même CEI qui a organisé les élections locales en septembre 2023 à l'issue desquelles il a gagné et conservé son poste de maire. À contrario, des candidats, en prison sont élus. Brindoumi Soumaïla, détenu au pôle pénitentiaire d'Abidjan a été élu. Innocent Yao, président des jeunes du Pdci rural a été élu. Preuve que la transparence a triomphé.

Quand la contestation devient une stratégie

Cette posture est devenue un classique du jeu politique ivoirien. Des candidats, conscients de leurs faiblesses sur le terrain, préparent psychologiquement l’opinion à la contestation. En cas de défaite, la CEI devient la coupable idéale. En cas de victoire, le succès est attribué à leur prétendue “vigilance”. Ce double discours est non seulement malhonnête, mais dangereux. Il fragilise les institutions, sape la confiance des citoyens et alimente inutilement les tensions post-électorales.

La CEI n’est certes pas parfaite. D'ailleurs, aucune institution ne l’est. Mais ses agents, souvent sous pression, parfois menacés, travaillent dans des conditions éprouvantes pour consolider la démocratie en Côte d’Ivoire. Leur engagement mérite respect, pas des procès d’intention opportunistes.

Le temps des excuses est venu

Ces candidats doivent aujourd’hui demander pardon. Pardon à la nation ivoirienne pour avoir semé le doute. Pardon à la CEI pour le tort causé à son image.

Pardon à la démocratie pour l’avoir instrumentalisée à des fins personnelles. La critique est légitime. La mauvaise foi, elle, est impardonnable.

Yacouba DOUMBIA