
Interrogé sur l’histoire des dissensions entre Laurent Gbagbo et Pascal Affi N’Guessan, Blé Goudé a affirmé que l’ancien siège du FPI, devenu aujourd’hui celui du PPA–CI, appartiendrait en réalité à Nady Bamba. Il révèle que lors de la rupture entre Affi et Gbagbo, celle-ci aurait exigé le départ immédiat d’Affi des lieux.
Face à cette situation délicate, Gbagbo lui-même l’aurait chargé d’intervenir : « Le Président était embarrassé. Il m’a confié la mission de trouver une solution. »
Selon lui, une fois le bâtiment récupéré, Nady Bamba l’aurait remercié en évoquant une éventuelle commission liée à la vente future de la maison — une proposition qu’il dit avoir refusée.
« Tant que je serai en vie… » : un message qui marque une rupture
Blé Goudé affirme que cet épisode a constitué un tournant majeur dans ses relations avec la seconde épouse de Laurent Gbagbo. Il raconte qu’à leur sortie de prison, un proche collaborateur lui aurait transmis un message direct de Nady Bamba : « Tant que je serai en vie, tu ne pourras jamais avoir accès au Président Gbagbo. Tu le verras seulement à la télé ou dans la presse. Elle aura ma peau », aurait-il rapporté.
Dans son intervention, Blé Goudé a également mis en cause ce qu’il qualifie de « noyau d’infiltrés » autour de Gbagbo. Selon lui, plusieurs des cadres historiques du FPI seraient aujourd’hui « en prison ou marginalisés », tandis que ceux restés proches de Nady Bamba auraient pris le contrôle des décisions stratégiques, y compris sur les investitures pour les législatives du 27 décembre.
Il cite notamment, sans les nommer tous, des personnalités comme Stéphane Kipré, qu’il considère comme les nouveaux relais de cette influence interne.
Retrait de Gbagbo : deux versions qui s’opposent
Blé Goudé affirme également que Laurent Gbagbo lui aurait confié son intention de « se retirer après les législatives ». Mais, selon lui, quelques jours plus tard, Nady Bamba aurait contredit publiquement cette orientation, affirmant que ce n’était pas le sens réel de la déclaration de l’ancien président.
Pour Blé Goudé, cette séquence illustre encore l’ascendant politique pris par Nady Bamba.
L’ancien ministre de la Jeunesse dit avoir multiplié les démarches pour rencontrer Laurent Gbagbo depuis sa sortie de prison. Mais toutes, selon lui, se seraient soldées par un refus ou une impossibilité persistante : « J’ai tout tenté. Cela a été toujours un échec. » Il accuse Nady Bamba d’avoir activé des « cyberactivistes » pour ternir son image et imposer un narratif hostile à son encontre.
« Qu’elle porte plainte si elle pense que je mens »
Face à la gravité de ses accusations, Blé Goudé se dit prêt à aller au bout : « Elle peut porter plainte si elle estime que ce que je dis est faux. Je suis prêt à aller à un procès pour rétablir toute la vérité. »
Ces déclarations de Charles Blé Goudé interviennent dans un contexte politique tendu, à quelques semaines des législatives et alors que le PPA–CI est traversé par des fractures profondes : boycott partiel du scrutin, candidatures dissidentes, bases militantes divisées, et interrogations sur l’avenir de Laurent Gbagbo.
L’intervention de Blé Goudé pourrait ainsi rebattre les cartes, raviver les débats internes, et repositionner son rôle dans l’opposition ivoirienne.
Yacouba DOUMBIA