
Parce que derrière les punchlines et les égos, il y a une histoire : celle du rap ivoirien qui s’affirme, se cherche et se redéfinit.
1. Didi B – “Bodouin (Ceci clairement une leçon de disstrack)”
Dans ce son, Didi B adopte la posture du vétéran. Il se place comme le “boss” du rap game, un professeur qui veut “donner une leçon” à la nouvelle génération. Il règle ses comptes avec Himra, qu’il accuse d’ingratitude, de manque de talent et d’immaturité artistique. Le morceau est truffé d’ironie, d’argot ivoirien (“maadou bodouin”, “bessé”) et de références à la hiérarchie du game.
Mais derrière la provocation, on retrouve un message plus profond : Didi B défend une éthique du respect et des valeurs dans la musique. Il trace une limite claire, on peut clasher, mais pas toucher à la famille, ni aux valeurs personnelles.
2. Himra - La réponse du jeune lion
Himra, de son côté, se positionne en représentant de la nouvelle école. Sa réponse (et plusieurs de ses sons récents) met en avant le travail, la réussite par le mérite et la confiance en soi. Il refuse l’étiquette du “petit” ou du “fils spirituel” : il affirme son indépendance, sa place et son talent.
Là où Didi B parle d’autorité et d’expérience, Himra incarne la fierté de la jeunesse qui veut prouver que le rap ivoirien ne se limite pas à une seule génération. Il transforme le clash en tremplin : pour exister, pour se faire entendre, pour affirmer son style.
3. Ce clash dans l’histoire du rap ivoirien
Depuis les pionniers comme Almigthy, Stezo, Garba 50, jusqu’à la vague Kiff No Beat, Suspect 95, Himra et d’autres, le rap ivoirien a toujours été un espace de rivalité créative. Le clash, quand il est bien fait, a souvent servi à faire avancer la scène, à pousser les artistes à se dépasser, et à créer des classiques. On se souvient encore du « CLASH », le concert mémorable qui a opposé Stezo et Almigthy dans les années 90.
Mais il y a une frontière à ne pas franchir : celle du manque de respect, de la diffamation ou de la violence réelle. Le rap est une compétition artistique, pas un champ de bataille personnel.
4. Ce qu’on doit retenir
Les deux artistes ont du talent. Leurs échanges montrent la vitalité et la richesse du rap ivoirien. Mais ils rappellent aussi la responsabilité de chaque rappeur : les mots ont du poids, surtout quand ils touchent une génération entière.
5. Message à la nouvelle génération
À tous les jeunes rappeurs ivoiriens : Continuez à vous exprimer, à revendiquer, à clasher même mais faites-le avec intelligence et respect. Vos textes peuvent inspirer, éduquer, éveiller… pas diviser. Le rap, c’est un art, pas une arme. Faisons de notre micro un outil de conscience, pas de destruction.
Soom Duval
Animateur



