
Cette élection intervient dans un climat régional particulièrement complexe.
Une élection dans un contexte de turbulences
En effet, la CEDEAO, fondée en 1975 pour favoriser l’intégration économique, la solidarité et la paix dans la sous-région, traverse une période de fortes turbulences. Le départ du Burkina Faso, du Mali et du Niger qui ont constitué l’Alliance des États du Sahel (AES) , a réduit le nombre des membres de l'organisation de 15 à 12.
Cette fracture régionale, conjuguée à des menaces sécuritaires persistantes liées au terrorisme, pèse lourdement sur la stabilité ouest-africaine.
Par ailleurs, bien que la présidence de la CEDEAO suive traditionnellement un principe d’alternance entre dirigeants francophones, anglophones et lusophones, cette fois, la coutume n’a pas été respectée. Julius Maada Bio, anglophone, succède en effet à un autre anglophone, le Nigérian Bola Ahmed Tinubu.
Le parcours du nouveau élu, de militaire à leader civil
Né le 12 mai 1964 dans le village de Tihun, au sud-ouest de la Sierra Leone, Maada Bio a connu un parcours singulier. Orphelin de père à l’âge de quatre ans, il est élevé par sa mère. Entré à l’Académie militaire, il rejoint l’armée à 22 ans et participe, en 1992, à un coup d’État. Il accède brièvement au pouvoir en 1996, avant de le restituer à un civil , un geste qu’il accompagnera plus tard d’excuses officielles pour son passé de putschiste.
Après un séjour universitaire aux États-Unis, il revient sur la scène politique en tant que candidat du SLPP (Parti du peuple de la Sierra Leone). Élu président en 2018, il est reconduit en 2023 avec 56,17 % des voix dès le premier tour. Depuis, il se distingue par un leadership audacieux, engagé dans des réformes clés dans les domaines de l’éducation, de l’économie et de la gouvernance.
Une mission délicate à la tête de la CEDEAO
Ses premiers mots après son élection à la tête de la CEDEAO. Julius Maada Bio : « Notre région est à la croisée des chemins », a déclaré Maada Bio après sa nomination. Conscient de la gravité des défis, il a annoncé faire de la consolidation de l’ordre constitutionnel, de la sécurité régionale et de l’intégration économique les piliers de son mandat.
Sa première mission d’envergure sera la gestion de la sortie officielle des pays de l’AES, prévue pour fin juillet 2025. Pour accompagner cette séparation, un négociateur soutenu par trois ministres a été nommé.
En parallèle, un autre front prioritaire l’attend : le renforcement de la coopération sécuritaire dans une région gravement touchée par le terrorisme, du nord du Burkina Faso aux confins du Nigeria. Alors que la CEDEAO évoque depuis longtemps la mise en place d’une « force d’attente », Julius Maada Bio devra œuvrer à en faire une réalité.