
Tandis qu’il saluait les dix ans de l’Union économique eurasiatique (UEEA) et ses 2 600 milliards de dollars de PIB, le président russe a fustigé les pays occidentaux pour leur gestion des actifs russes gelés, qualifiant leurs actes de « pillage ». Entre chiffres impressionnants et déclarations musclées, le sommet a révélé les ambitions régionales de Moscou et ses tensions persistantes avec l’Occident.
Du 26 juin 2025 au 2 juillet s'est tenu le forum économique eurasien, au centre d’exposition BelExpo de Minsk, Vladimir Poutine a pris la parole devant les chefs d’État de l’UEEA , Russie, Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan et Arménie , ainsi que des représentants de pays partenaires tels que Cuba, le Myanmar et le Nicaragua.
D’emblée, il a souligné que l’Union, fondée il y a dix ans, représente une « intégration régionale réussie », avec un PIB combiné de 2 600 milliards de dollars, soit une hausse significative par rapport aux 1 600 milliards initiaux.
Par ailleurs, le commerce avec des pays tiers atteint 800 milliards de dollars, tandis que les échanges internes entre membres s’élèvent à 97 milliards, dont 93 % réalisés en monnaies nationales. Ces chiffres traduisent une volonté affirmée de réduire la dépendance aux systèmes financiers occidentaux.
Cependant, le ton s’est durci lorsque Poutine a abordé la question des actifs russes gelés à l’étranger. Il a déclaré : « Le vol, c’est une appropriation secrète. Et ici, c’est ouvert, c’est donc en réalité un pillage », dénonçant une expropriation flagrante par les puissances occidentales. Selon lui, cette situation accélère la régionalisation des systèmes de paiement, qu’il considère comme bénéfique à l’économie mondiale.
En outre, le président russe a affirmé que le dialogue avec des institutions comme la Banque mondiale est désormais impossible, en raison de leur « engagement politique ». Il a mis en avant les efforts de la Russie pour renforcer les connexions interbancaires au sein de l’UEEA, notamment via le système de la Banque centrale russe.
Sur le plan géopolitique, Poutine a surpris en déclarant que le conflit entre Israël et l’Iran pouvait être « considéré comme du passé ». Il a rappelé l’entrée en vigueur, en mai 2025, de l’accord de libre-échange entre l’UEEA et l’Iran, et a exprimé son souhait de renforcer les relations commerciales avec l’ensemble du Moyen-Orient.
Au terme, entre croissance économique régionale, rupture avec les institutions occidentales et ambitions diplomatiques, le discours de Vladimir Poutine à Minsk trace les contours d’un monde multipolaire où l’UEEA entend jouer un rôle central. Et si les chiffres impressionnent, les mots choquent ,révélant une stratégie aussi calculée que provocante.