Avec le bagout et la truculence qu’on lui connaît et qui ne semblent pas avoir pris une ride, en dépit des années qui passent, l’ancien président Laurent Gbagbo s’est adressé, le samedi 07 juin 2025, à ses partisans, à PortBouët, Petit-Bassam, au cours d’un meeting qu’il a animé. Sans langue de bois, il a rué dans les brancards, affichant d’emblée, ses intentions. « Eh oui, celui qui est candidat pour un quatrième mandat, il n’a qu’à savoir que nous ferons tout pour qu’il ne soit pas candidat. Ah oui. Comme il veut la bagarre. On va faire la bagarre. On ne parlait pas trop de ça. On ne parlait pas trop de ça. Et eux, ils ont inventé un droit foireux, bizarre, nul, pour dire que voilà, comme il y a eu une nouvelle Constitution...
Mais ça, c’est quoi ça ? Ce n’est pas du droit. C’est du n’importe quoi. C’est du n’importe quoi », a-t-il persiflé. Puis, il s’est lancé, mêlant tout. « On dit, si tu as été candidat, et d’ailleurs lui-même, quand je faisais mon discours pour le racheter, je lui avais dit que c’était un mandat exceptionnel, que je lui donnais. Ça va devenir quatre mandats ? Je t’aide. On te donne un mandat exceptionnel pour que tu sortes un peu la tête de l’eau. Et c’est toi qui vas venir me dire que moi, qui t’ai donné la chance, je ne suis pas candidat. Mais c’est toi qui vas être candidat pour la quatrième fois », a raillé le Woody de Mama. Avant de se tourner vers les jeunes. « Est-ce que le trop n’est pas trop ? Quand même ! Donc, les jeunes…, mes amis là, soyez prêts pour la bagarre ! Parce qu’ils veulent qu’on se bagarre, on va se bagarrer ! Parce qu’ils croient qu’on a peur de dire. Mais à un moment, il faudra qu’on envahisse toutes les rues d’Abidjan », a menacé Laurent Gbagbo.
L’on se rappelle les années de braise
Pour le coup, l’on se rappelle les années de braise qui ont coïncidé avec la réinstauration du multipartisme dont il fut l’un des acteurs majeurs. En ce temps-là, l’ancien chef de l’État était intraitable et intenable, défiant le père de la Nation, le président Félix Houphouët-Boigny, qu’il n’hésita pas à faire humilier par ses ‘’ouailles’’, ses jeunes partisans qui scandaient dans les rues d’Abidjan, capitale politique d’alors, ‘’Houphouët voleur !’’, ‘’Houphouët voleur !’’.
Le ‘’Vieux’’, diton, ne se remit jamais de cet affront jusqu’à sa disparition, quelques années plus tard. Gbagbo a humilié le ‘’Vieux’’ Le paradoxe, avec Laurent Gbagbo, c’est que bien que se définissant volontiers comme un démocrate, ses partisans le présentent d’ailleurs comme le ‘’père de la démocratie’’ en Côte d’Ivoire, il n’a pas moins un faible pour l’anarchie, la violence, tant verbale que physique. D’ailleurs, on remarquera que sa carrière politique est marquée par des épisodes qui alternent violence et … désordre. C’est presque génétique chez lui. Ainsi, parvenu au pouvoir dans le sang, il a pareillement quitté le fauteuil présidentiel dans le désordre et le sang. Comme s’il était victime d’un signe indien. Aujourd’hui, à 80 ans bien sonnés, il a toujours à la bouche un glossaire guerrier et parle de « bagarre », « d’envahir les rues d’Abidjan ». À quel âge s’assagira-t-il ? À quel âge parlera-t-il véritablement de paix ? À l’évidence, il est temps, grand temps, qu’il change de logiciel et vite ! Afin de sortir du cercle vicieux de la belligérance et de la confrontation. Pour entrer dans le cercle vertueux de la pondération, de la mesure, de la tempérance et d’autres sèmes de la même eau. Son âge le commande, son statut l’exige !
Ambroise Tiétié
