
Dans un texte diffusé par le mouvement FIER, il salue la dimension sociale du projet tout en pointant ses lacunes de fond et de forme. Intitulé « La Paix », le programme du pasteur-candidat part d’un constat jugé « juste et humain » par Jean Bonin : la vie chère étrangle de nombreuses familles, malgré les progrès visibles en infrastructures. Le document de campagne plaide pour la relance de la production vivrière, la valorisation des jeunes diplômés dans l’agriculture et l’élevage, et une baisse du coût du carburant grâce au statut de pays producteur de pétrole.
Jean Bonin cite le candidat reprenant à son compte la célèbre phrase d’Houphouët-Boigny : « Un homme qui a faim n’est pas un homme libre. » Zahui ajoute : « La paix, c’est permettre au plus modeste d’avoir du pain à midi et le soir. » Sur ce point, l’analyse de FIER reconnaît « un vrai point de douleur » qui mérite d’être placé au cœur du débat.
Mais au-delà des intentions, le juriste estime que le projet pèche par son manque de rigueur. « L’engagement politique ne se limite pas à un bon cœur. Il exige une méthode, une stratégie », insiste-t-il. Dans son texte, Jean Bonin dresse la liste des principaux angles morts du programme : "Absence de données chiffrées : pas d’objectifs mesurables ni de budget prévisionnel".
Aucune réforme structurelle détaillée : qu’en est-il de la fiscalité, du foncier, des circuits de distribution, ou de la lutte contre la spéculation ? Manque d’articulation avec les institutions : comment passer des promesses à des politiques publiques cohérentes ?
Silence sur des secteurs clés : la justice, l’éducation, la sécurité, la gouvernance. « Un président n’est pas seulement un réparateur de prix, c’est un architecte d’ensemble », résume-t-il.
Pour Jean Bonin, la sincérité du discours pastoral de Wilfried Zahui est indéniable : il parle aux oubliés du système et redonne une voix aux doléances sociales. Mais il l’invite à « sortir du registre spirituel et émotionnel » pour entrer dans « celui de la technicité et de la vision d’État ».
Le mouvement FIER conclut en saluant la volonté du candidat de remettre le social au centre du débat, tout en appelant les électeurs ivoiriens à la vigilance : « Le pain ne se multiplie pas par miracle. Il se produit, se transporte, se vend. Cela exige une chaîne cohérente, une vision d’ensemble, et un leadership ancré dans les réalités. »
Avec cette sortie, Jean Bonin entend susciter un débat de fond sur la crédibilité des offres politiques à l’approche d’un scrutin présidentiel très attendu et potentiellement décisif pour la Côte d’Ivoire.