
À l’heure où la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre une nouvelle élection présidentielle en octobre 2025, il est de notre responsabilité collective, en tant que citoyens, intellectuels, leaders d’opinion, parents et simples Ivoiriens soucieux de l’avenir de ce pays, de prendre la parole et d’interpeller les consciences. Nous n’avons pas le droit de nous taire lorsque les signes d’une dangereuse répétition de l’histoire se profilent. Nous n’avons pas le droit de laisser les erreurs du passé se répéter sous nos yeux, au risque d’hypothéquer l’avenir de nos enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, ces innocents qui n’aspirent qu’à grandir dans un pays en paix. « Si l’on ne voit pas l’avenir, il faut bien se souvenir de son passé. » Jamais, cette maxime n’a été aussi d’actualité pour la Côte d’Ivoire.
Les leçons douloureuses que nous ignorons à nos risques et périls
Avons-nous si vite oublié ? Oublié 2002, ces fa- milles dispersées, ces cœurs meurtris. Oublié 2010-2011, ces 3 000 morts, ces milliers d’orphelins, ces quartiers ravagés, ces villages détruits, ... Oublié que derrière chaque slogan guerrier, se cachent des mères en larmes, des enfants terrifiés, des innocents pris en otage par l’aveuglement des ambitions humaines. Notre passé récent est une bibliothèque d’enseignements. Pourtant, certains agissent comme si l’histoire ne leur avait rien appris, prêts à re- jouer les mêmes partitions d’intolérance, d’exclusion et de violence.
Et nos enfants, dans tout cela ?
Ceux qui parlent de guerre sans la craindre, ceux qui soufflent sur les braises sans se soucier des flammes, pensent-ils aux enfants qui, demain, en paieront le prix ? Pen- sent-ils à ces générations à venir qui n’ont pas demandé à naître ivoiriennes, mais qui n’aspirent qu’à vivre en paix dans ce pays que nous avons reçu en héritage et que nous avons le devoir de leur transmettre en paix ? À quoi serviront nos querelles, nos victoires électorales, nos ambitions personnelles, si c’est pour livrer à nos enfants, une Côte d’Ivoire en ruines, divisée, appauvrie, sans espoir et sans avenir ? À quoi serviraient nos discours triomphants si, demain, ils se tra- duisent par des larmes sur les visages de ceux qui n’ont rien demandé d’autre qu’une vie paisible et digne ?
Notre plus grande responsabilité : protéger la paix, pas nos égos
Le véritable patriotisme aujourd’hui ne consiste pas à défendre un homme, un camp, un parti ou une ethnie. Il consiste à défendre la vie, la paix, la dignité et l’avenir de nos enfants. Il consiste à se souvenir que l’on ne construit pas une nation sur la haine, mais sur la fraternité. Il consiste à comprendre qu’aucune victoire politique ne vaut le prix d’une guerre civile. Il consiste à refuser de léguer à nos enfants, un pays brisé par nos erreurs et nos égoïsmes. La Côte d’Ivoire a payé trop cher pour que le souvenir de ses souffrances soit si vite effacé. Nous avons l’impérieux devoir de préserver la paix, de protéger la vie, de désamorcer les conflits, non seulement pour nous-mêmes, mais surtout pour ceux qui viennent après nous. Nos enfants n’ont pas choisi de naître dans ce pays, mais ils ont droit à un avenir se- rein, à une école paisible, à une vie sans peur, à une terre où l’on parle d’espoir et non de revanche. Ils ne méritent pas que nos querelles d’adultes fassent d’eux les victimes de demain. Si l’avenir reste incertain, le passé, lui, est là pour nous rappeler ce qu’il advient d’un pays lorsque la haine, l’intolérance, l’orgueil ou la soif de pouvoir prennent le dessus sur la raison, le dialogue et le respect de la vie. Se souvenir pour ne pas recommencer. Se souvenir pour protéger nos enfants et petits-enfants. Se souvenir pour sauver la Côte d’Ivoire. Enseignant, Formateur des formateurs et citoyen ivoirien soucieux de l’avenir de nos en-fants et de la paix en Côte d’Ivoire