
L’annonce, relayée par plusieurs presses et proches , a plongé le continent dans une profonde émotion.
Un héritage panafricain enraciné à Payopa
Originaire du village de Payopa, dans la sous-préfecture de Gagnoa (centre-ouest de la Côte d’Ivoire), Tchiffi Zié n’a jamais cessé de porter haut les valeurs de la tradition africaine. Ancien directeur général de la société d’investissement italo-ivoirienne, il s’est illustré par son engagement diplomatique et son militantisme panafricain. Fondateur de l’organisation United Kingdoms of Africa Associations, il est à l’origine du concept United Kingdom of Africa, une vision audacieuse d’un continent uni par ses racines royales et coutumières.
Un roi couronné à Aksum, héritier spirituel de David
Reconnu en Éthiopie comme le 263ᵉ roi couronné de David à Aksum, succédant symboliquement à l’empereur Haïlé Sélassié, Tchiffi Zié incarnait une chefferie africaine à la fois spirituelle et politique. Pour lui, l’institution traditionnelle devait être considérée comme un « instrument qui mérite d’être soutenu » par l’Union africaine. Cette conviction l’a conduit à multiplier les plaidoyers et les rencontres diplomatiques de haut niveau.
Un médiateur au service de la paix
Sous sa direction, le Forum des rois et chefs coutumiers africains, fondé le 28 août 2008 à Benghazi avec le soutien du défunt guide libyen Mouammar Kadhafi, est devenu une plateforme incontournable de dialogue interculturel et de médiation. En septembre 2022, ses pairs l’avaient mandaté pour contribuer à la résolution de la crise diplomatique entre la Côte d’Ivoire et le Mali, consécutive à l’arrestation de 49 soldats ivoiriens à Bamako. Fidèle à sa méthode, il avait privilégié le dialogue et la réconciliation, menant des démarches de facilitation auprès des chefs traditionnels et des responsables politiques.
Et maintenant, quelle relève pour ses combats ?
L’Afrique perd l’une de ses voix les plus respectées dans la valorisation et la modernisation des chefferies traditionnelles. Au-delà du deuil, le décès de Tchiffi Zié soulève une interrogation cruciale : qui portera désormais le flambeau de l’intégration des autorités coutumières dans la gouvernance moderne ? Et comment préserver leur rôle dans la prévention et la résolution des conflits ?
Son départ laisse un vide, mais aussi une mission : poursuivre son œuvre pour que les traditions africaines ne soient pas seulement honorées, mais pleinement intégrées dans le futur du continent.