
Malgré la trêve sociale, vous avez engagé une grève. Que déplorez-vous dans le système éducatif ivoirien ?
Je ne dirai pas que je déplore des choses, car le dire serait sans doute nier les efforts consentis depuis l'indépendance jusqu'à nos jours. Cependant, je souhaite qu'il y ait des améliorations au niveau des conditions de travail des enseignants ; la précarité des nombreuses infrastructures scolaires offre des conditions de travail exécrables.
Aujourd'hui, il existe encore des écoles construites en matériaux qui relèvent d'un siècle en arrière. Des instituteurs dispensent le savoir dans les classes aux effectifs pléthoriques.
Il faut également une amélioration du traitement salarial des enseignants et une prime d'incitation.
Que répondez-vous à ceux d'entre vous qui ont soutenu que votre lutte est inopportune et illégale ?
À ces personnes, je dirai simplement de réviser leurs cours d'histoire. Dans l'histoire de l'humanité, la revendication sociale a une place de choix. Nulle part, elle n'a été bien perçue comme telle. Les employeurs sont généralement considérés comme des capitalistes. Très souvent, ils utilisent alors les médias pour manipuler à souhait les masses à l'effet de discréditer tous ceux qui s'érigent en défenseurs des droits des travailleurs. En ce qui concerne la grève que nous avions initiée, je ne crois pas que des honnêtes citoyens puissent la qualifier d'inopportune, encore moins d'illégale. Cette grève a respecté toutes les procédures en la matière et est bel et bien légale et légitime.
Vous êtes très portés sur la prime d'incitation. Pensez-vous qu’elle pourra apporter une plus-value à la condition des enseignants ?
Bien évidemment ! La prime, en réalité, s'exprime en espèces sonnantes. Elle viendra relever le pouvoir d'achat de l'enseignant et par conséquent, constituera une véritable plus-value dans sa vie quotidienne.
Il y verra une reconnaissance par l'État de ses efforts et mieux, cela lui permettra d'offrir le meilleur de lui-même.
Les négociations avec le gouvernement ont abouti à l'organisation d'un atelier. Dans ces conditions, qu'en sera-t-il du Comité des experts qui avait été mis en place ?
Je suis au regret de vous dire que jusqu'au 27 février 2025, date qui marquait le troisième mois de la prétendue mise en place du Comité d'experts, il n'avait pas encore siégé. Il nous revient que ce Comité n'a été mis sur pied que le 6 mars 2025. Aujourd'hui, pour nous, l'heure n'est plus à se confier à ce Comité. Nous irons à l'atelier les 17, 18 et 19 avril 2025 et ensuite, seulement les choses se dessineront. Je voudrais faire confiance au gouvernement. Je ne pense pas que cela soit dans l'intérêt du gouvernement de ruser. C'est un gouvernement responsable qui tiendra parole et j'en suis persuadé.
Avez-vous l’assurance que vous aurez la prime ?
Tout combat en vue d’amener à l'existence ce qui ne l'est pas, est rude. Il faut y croire. Le gouvernement nous donne la garantie de l'octroi d'une prime. Il ne reste plus qu'à regarder les modalités. Je crois fermement que les enseignants auront la prime. C'est une certitude.
Réalisée par Ernest Famin