
Cette tournée s’inscrit dans la continuité de celle menée en juillet 2024 dans les localités de Boundiali, Kong et Korhogo. Face à l’ampleur des ravages causés par l’orpaillage clandestin, le ministre a plaidé pour une implication active des communautés locales, en complément de l’action sécuritaire de l’État. « L’avenir de la lutte contre l’orpaillage illégal dépend de la responsabilisation des populations directement touchées par ce fléau », a déclaré Mamadou Sangafowa Coulibaly devant des centaines de leaders communautaires et jeunes réunis à Daoukro.
Les effets néfastes de cette activité informelle sont aujourd’hui bien connus. Pollution massive des sources d’eau, prolifération de la criminalité, violences sexuelles, déforestation, abandon scolaire, et profanation de sites culturels… Dans plusieurs régions du pays, des villages entiers sont encerclés de cratères béants, dangereux et à l’abandon.
Sur le plan économique, les pertes sont également considérables : près de 100 tonnes d’or quitteraient illégalement le pays chaque année, échappant au circuit officiel. Ce manque à gagner représente environ 700 milliards FCFA de pertes fiscales annuelles et une valeur globale de plus de 4 000 milliards FCFA qui échappent au développement national.
Face à cette situation, l’État ivoirien change de paradigme. L’objectif n’est plus seulement de démanteler les sites illégaux – plus de 1 760 ont déjà été neutralisés et 713 personnes poursuivies en justice en 2024 – mais de créer une économie minière responsable, reposant sur deux piliers : l’artisanat légal et l’exploitation industrielle encadrée. Le ministre Coulibaly encourage les populations rurales à se regrouper en coopératives légales, à bénéficier de formations techniques, et à solliciter des permis artisanaux ou semi-industriels. Ces mécanismes permettent d’exploiter les ressources locales dans un cadre respectueux de l’environnement, sécurisé et rentable.
Le gouvernement mise également sur le développement de l’industrie minière structurée, en attirant de nouveaux investissements dans l’exploration et l’exploitation industrielle. Un système de partage équitable des revenus entre compagnies minières, collectivités locales et populations est en cours de mise en œuvre. Ce modèle de « souveraineté partagée », selon les mots du ministre, doit garantir à chaque partie une part juste de la richesse extraite du sous-sol ivoirien.
Un tournant décisif pour la Côte d’Ivoire minière
En plaçant les communautés rurales au cœur de la stratégie nationale, Mamadou Sangafowa Coulibaly amorce un tournant décisif. La lutte contre l’orpaillage illégal ne peut plus être uniquement répressive : elle doit être inclusive, participative et économiquement attractive. « Nous ne pouvons plus laisser l’or être une malédiction. Il doit devenir un levier de développement durable et de paix pour nos territoires », a insisté le ministre à Yamoussoukro, dernière étape de sa tournée.
Cette campagne de sensibilisation, inédite par son ampleur et sa portée, marque une nouvelle phase dans la gouvernance des ressources naturelles en Côte d’Ivoire. Le défi reste immense, mais la dynamique est enclenchée.