Et parmi ces fondements, la souveraineté des États occupe une place centrale. C’est une ligne rouge que même les grandes puissances savent ne pas franchir ouvertement, surtout lorsqu’il s’agit d’un pays ami et souverain comme la Côte d’Ivoire.
Dans un contexte géopolitique mondial tendu, aucune chancellerie occidentale et a fortiori la France ne se risquera à s’ingérer dans un processus électoral interne en faveur d’un individu, fut-il banquier ou ancien fonctionnaire international. Imaginer que l’Élysée ou le Quai d’Orsay se mobiliserait pour faire inscrire Tidjane Thiam, Laurent Gbagbo ou « Tartempion » sur une liste électorale ivoirienne, c’est faire preuve soit d’une méconnaissance abyssale des règles diplomatiques, soit d’un cynisme politique destiné à berner les naïfs.
La vidéo virale dans laquelle le ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères exprime clairement la position de la France vis-à-vis de la Côte d’Ivoire, est pourtant sans ambiguïté : Paris ne s’immisce pas dans les débats politiques internes d’un État souverain. Et encore moins dans une affaire de droit interne comme celle de la nationalité, qui relève exclusivement des institutions ivoiriennes.
Face à cela, les Thiamistes poursuivent leur récit fictif, vantant des relations imaginaires entre leur mentor et l’establishment français. Mais la réalité, c’est que depuis trois ans, aucune image, aucun communiqué, aucune audience officielle ne vient étayer l’idée d’un soutien actif de Paris à Tidjane Thiam. Bien au contraire, l’épisode de 2020, lorsque le nom de Thiam fut discrètement écarté d’un projet d’entrée au gouvernement français, démontre à quel point la France, elle aussi, agit selon ses propres critères de crédibilité et de conformité.
Ces faits devraient suffire à démonter le storytelling creux qui nourrit les illusions de certains. Pourtant, le faux a pris racine dans leur discours, au point que toute contradiction est vécue comme une hérésie. C’est justement notre devoir de citoyens lucides et informés de rappeler que les relations internationales ne se nourrissent pas de fantasmes personnels ou de glorioles partisanes, mais de respect mutuel, de souveraineté et de réalisme politique.
La Côte d’Ivoire n’est pas une colonie mentale, encore moins une marionnette diplomatique. À l’heure des grands défis africains, l’avenir du pays ne se jouera ni à Paris, ni dans les salons feutrés de la City, mais bien dans les urnes, sous l’œil vigilant de ses institutions républicaines.
Yacouba DOUMBIA
Journaliste
