
Ce chiffre, révélé par le dernier rapport de l’Union africaine (UA), dépasse largement les 46 milliards de dollars d’aide publique au développement reçus en 2023. À cela s’ajoutent les 55 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE), qui, mis bout à bout, ne compensent pas cette fuite massive de capitaux. Autrement dit, le continent perd presque deux fois plus qu’il ne gagne en capitaux extérieurs légaux.
Un frein à la croissance et à la souveraineté budgétaire
L’UA tire la sonnette d’alarme : cette hémorragie financière compromet gravement la croissance économique et réduit la capacité des États à financer leurs priorités sociales. En effet, selon la Commission économique pour l’Afrique (CEA), ces sorties illicites représentent 3,7 % du PIB continental, soit davantage que le déficit moyen des balances courantes africaines. Une ponction budgétaire qui affaiblit les politiques publiques et menace la soutenabilité des finances nationales.
Des mécanismes bien rodés, un commerce international complice
Les FFI ne relèvent pas d’un seul schéma. Elles englobent l’évasion fiscale, le blanchiment d’argent, les transferts illégaux de capitaux, la corruption, mais aussi des pratiques plus techniques comme la manipulation des prix de transfert ou les exportations sous-déclarées. Le commerce international est au cœur du problème : il constitue près des deux tiers des flux illicites.
Dans le secteur extractif, par exemple, des facturations erronées ou des prix artificiellement abaissés permettent à certaines multinationales de rapatrier illicitement des profits colossaux, échappant ainsi aux fiscalités locales. Ce manque à gagner prive les États africains de ressources vitales pour investir dans l’éducation, la santé ou les infrastructures.
Vers une réponse panafricaine
Face à cette situation alarmante, l’Union africaine appelle à une mobilisation collective. Une réponse panafricaine s’impose pour renforcer les mécanismes de transparence, harmoniser les politiques fiscales et lutter contre la corruption transfrontalière. Car tant que ces flux continueront de s’écouler dans l’ombre, l’Afrique restera prisonnière d’un cycle où la richesse produite ne profite pas à ceux qui la génèrent.