
C’est ce que nous rapporte le site d’informations économiques Sikafinance. Gadegbeku-Ouattara a souligné que les enjeux miniers s'étendent bien audelà de l'extraction. Elle a expliqué que le cycle de vie d'une mine débute par une phase d'exploration, qui est coûteuse et incertaine. Sur 10 000 projets d'exploration, un seul aboutit à une exploitation rentable. Ces phases préliminaires peuvent nécessiter jusqu'à 100 millions de dollars, sans aucune garantie de succès. S’ensuit la réalisation d'études de faisabilité, d’évaluations environnementales et sociales, ainsi que la levée de financements. Endeavour Mining a ainsi réussi à lever 100 milliards FCFA auprès des banques locales, un exploit en Afrique de l'Ouest. Cela témoigne d'une approche intégrée et durable du secteur. La responsable a insisté sur le fait que le secteur minier en Côte d'Ivoire n’opère pas de manière isolée. La responsabilité sociétale (RSE) est intégrée dans la culture des entreprises minières. Au cœur de cette démarche, se trouvent des stratégies environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) qui engagent les communautés locales à travers la création de comités et des programmes de formation, tout en soutenant les PME locales via les marchés de sous-traitance. Un exemple illustratif est celui d'un vendeur de “choukouya” près d'un site minier, dont le chiffre d'affaires a décollé grâce à l'afflux de travailleurs.
Des résultats probants
La production d'or en Côte d'Ivoire a quadruplé, passant de 13 tonnes en 2016 à 52 tonnes aujourd'hui. Le secteur, composé de seulement six entreprises, représente désormais 4% du PIB national, contre moins de 1% avant 2014. En 2023, l’État a perçu 320 milliards FCFA en taxes et royalties, en plus de l'obligation de verser 0,5% du chiffre d'affaires minier au développement local. Pour l’experte, l’industrialisation dépend de l’intégration des compétences locales et des entreprises ivoiriennes. Elle préconise un investissement massif dans la formation technique et l'élargissement des marchés de sous-traitance, souvent dominés par des acteurs étrangers. L'initiative en cours pour établir un fonds d'investissement minier panafricain vise à soutenir les PME locales. Elle a insisté sur une vision holistique du développement minier, soulignant que l'industrialisation de l'Afrique de l'Ouest exige de produire non seulement davantage, mais aussi mieux, en favorisant l'inclusivité et la durabilité. « On ne peut pas simplement produire de l'or, il faut produire de la prospérité », a-t-elle affirmé. Elle a plaidé pour une transformation du secteur en catalyseur d'une réelle industrialisation et non en un simple fournisseur de matières premières.
Joël Dally