En prenant la présidence de l’Organisation des producteurs de pétrole africains dont le siège est basé à Brazzaville au Congo, la Côte d’Ivoire confirme son leadership dans le secteur de l’énergie en Afrique. Officiellement désigné à l'issue de la 48ème réunion du Conseil des ministres de l'APPO, tenue les 04 et 05 novembre 2025 à Brazzaville, le ministre des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, Mamadou Sangafowa-Coulibaly, aura plusieurs défis à relever. Notamment, les défis posés par la transition énergétique mondiale et le retrait progressif des bailleurs de fonds traditionnels des projets liés aux hydrocarbures. Aussi, devra-t-il finaliser la Banque africaine de l'énergie, priorité du mandat.
Conscient donc des enjeux, des nombreux défis à relever au sein de cette organisation qui regroupe les pays africains producteurs de pétrole et de gaz, le nouveau président de l'APPO a placé son mandat au cœur de la finalisation de la Banque africaine de l'énergie, projet structurant porté par l'organisation depuis six ans. Cette institution, dotée d'un capital prévu de 5 milliards de dollars, vise à garantir l'autonomie financière des pays africains dans le développement de leurs projets énergétiques, depuis la recherche jusqu'à la transformation locale. Par ailleurs, saluant la décision du Conseil de confier au ministre d'État algérien la direction d'un comité ministériel qui a accéléré le processus, Mamadou Sangafowa-Coulibaly s’est réjoui que cela va « parachever la mise en place de cette banque qui est quelque chose d'extrêmement important ».
Pour le nouveau président de l’APPO, « on ne peut pas continuer de se payer le luxe d'importer les biens et services que nous pouvons produire sur le continent », annonçant que 2026 sera l'année de la mise en œuvre concrète de cette déclaration. « Je voudrais que les actions communes puissent commencer à prendre forme », a-t-il insisté. Une vision défendue et partagée de toutes les parties prenantes de l’organisation qui ont adopté à l’unanimité une déclaration. La Déclaration de Brazzaville, adoptée à l'unanimité lors de la 4ᵉ Conférence et Exposition de l'APPO sur le contenu local en Afrique (CECLA), engage les 18 États membres à renforcer l'intégration des entreprises africaines dans la chaîne de valeur pétrolière et gazière à travers dix points d'action concrets. Un sommet des chefs d'État de l'APPO devrait être organisé au premier semestre 2026 pour mobiliser les contributions initiales de 500 millions de dollars nécessaires à l'opérationnalisation de la Banque. « Je voudrais que les actions communes puissent commencer à prendre forme », a affirmé le ministre Mamadou Sangafowa-Coulibaly.
A la tête de l’organisation, la Côte d'Ivoire entend servir de modèle. Depuis la découverte du gisement Baleine en 2021, le pays a mis en place une loi sur le contenu local et une plateforme numérique dédiée qui recense déjà plus de 2 000 entreprises locales impliquées dans la chaîne de valeur énergétique. « En ce qui nous concerne, nous avons mis un point d'ordre à relever le niveau de nos entreprises et de nos concitoyens pour que la majorité des biens et services soient contractés localement », a expliqué Sangafowa-Coulibaly. Cette approche ivoirienne, axée sur la transparence, l'innovation et la coopération régionale, inspire de nombreux pays africains. Le ministre ivoirien espère « évoluer vers la construction d'un contenu local régional, voire continental ».
Le premier Conseil ordinaire sous la présidence ivoirienne se tiendra à Abidjan. La prise de fonction est prévue dès janvier 2026, avec un agenda inscrit dans la continuité des avancées réalisées sous la présidence congolaise, mais avec une détermination claire, à savoir faire de la souveraineté énergétique africaine une réalité concrète. Créée en 1987, l'APPO regroupe 18 pays producteurs de pétrole et de gaz, dont l'Algérie, le Nigeria, l'Angola et la Libye. L'organisation œuvre à la défense des intérêts communs du continent dans le secteur énergétique et à la promotion d'une exploitation durable de ses ressources naturelles.
