
Maître Mohamed Traoré revenait tout juste de la Mecque où il a observé le pèlerinage. Enlevé par des hommes encagoulés comme cela a été le cas pour plusieurs autres citoyens dont pour certains, les familles sont sans nouvelles. Maître Mohamed Traoré était membre du Conseil National de la Transition (CNT), organe tenant lieu d’Assemblée Nationale en Guinée avant de démissionner début 2025. Enlevé par des hommes encagoulés, il a été brièvement séquestré avant d’être relâché. Connu pour sa liberté de ton, il s'est depuis éloigné de la junte arrivée au pouvoir en 2021 après avoir renversé le président civil Alpha Condé. Selon le barreau, ceux qui s'en sont pris à lui, lui reprochaient de critiquer le pouvoir militaire, rappelle le même média.
Le PM Bah Oury au premier plan
Comme après chaque enlèvement, c’est le Premier ministre Bah Oury qui est monté au créneau pour dénoncer cet énième enlèvement et séquestration. Le chef du gouvernement guinéen interrogé par RFI sur cet enlèvement a déclaré que ce sont des pratiques qui n’honorent pas la République de Guinée avant de promettre que tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ces pratiques. Mais ce n'est pas la première fois que Monsieur Bah Oury tient cette promesse sans que cela n’aboutisse pour le moment. Pour preuve, l’enlèvement puis la séquestration de maître Mohamed Traoré n’est pas le premier. Mais pour son cas, on peut féliciter les autorités guinéennes que maître Mohamed Traoré ait eu non seulement la vie sauve mais qu’il soit relâché au bout de quelques heures. D’autres comme Foniké Menguè et Billo Bah, deux activistes politiques guinéens membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dont l’enlèvement date du 9 juillet 2024 au domicile familial de Foniké Menguè à Commandanyah, dans la commune de Dixinn, restent toujours introuvables près d’un an après leur enlèvement.
Revenant au cas de maître Mohamed Traoré qui était peut-être l’enlèvement de trop, l'ordre des avocats en Guinée à l’issue d’une assemblée générale tenue le lundi 30 Juillet a annoncé à la presse boycotter pour deux semaines les cours et tribunaux pour protester contre cet enlèvement, dénonçant « des atteintes graves portées à leur profession ». Le barreau a également décidé du "retrait immédiat" de tous ses représentants dans les institutions et commissions mises en place par le régime. "Nous comptons porter plainte contre les auteurs. Une commission sera mise sur pied à l'effet de suivre cette plainte et pour un aboutissement que nous espérons heureux", a aussi indiqué le porte-parole du barreau, Kémoko Malick Diakite. De son côté, Mohamed Traoré a annoncé lundi "faire une pause" professionnelle à la suite de son enlèvement, pour protéger sa famille. "J'ai compris que je les mettais en danger", a-t-il expliqué dans une lettre partagée sur les réseaux sociaux, indique la même source.
Demba Diallo