Politique

Simone Ehivet Gbagbo avoue : « Je veux devenir la première présidente de Côte d’Ivoire » 

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Candidate à l’élection présidentielle 2025, Simone Ehivet Gbagbo s’est prononcée, dans une interview exclusive avec Théophile Kouamouo en compagnie de Norbert Navarro, sur le scrutin. Des rejets de candidatures de Thiam, Gbagbo et d’autres opposants en passant par ses ambitions, Simone Gbagbo a mis en avant son ambition de devenir la première présidente de la Côte d’Ivoire. 

Le 08 septembre 2025, le Conseil constitutionnel a validé cinq candidatures pour l’élection présidentielle. Mais n’y figurent pas Laurent Gbagbo, Tidjane Thiam, ni Pascal Affi N’Guessan, encore moins Charles Blé Goudé ou Guillaume Soro. Vous aviez pourtant salué le « bon travail » du Conseil constitutionnel. Comment expliquez-vous cela ? 

J’ai salué le travail du Conseil constitutionnel parce que, pour une fois, il a donné publiquement les critères de ses décisions. Mais il est vrai que plusieurs figures majeures de l’opposition n’ont pas été retenues. Ce problème, nous l’avions soulevé depuis longtemps. La solution ne pouvait être que politique : il fallait un dialogue entre le gouvernement et l’opposition pour traiter, par exemple, l’intégration de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam sur la liste électorale. Malheureusement, le gouvernement a refusé d’ouvrir ce dialogue, pourtant nous avons discuté jusqu'au bout. Dès lors, les résultats publiés étaient prévisibles. 

Continuez-vous à réclamer la réintégration de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam au scrutin ? Soutenez-vous la mobilisation populaire qu’ils appellent de leurs vœux ? 

Oui, il aurait été bon qu’ils soient sur la liste électorale et candidats. Laurent Gbagbo a été condamné à 20 ans de prison, ses droits civiques ont été retirés et il se retrouve avec un casier judiciaire chargé qui l’empêche d’être inscrit sur la liste électorale. Cette décision est injuste, je le dis depuis le début. Elle peut même être qualifiée d'inique. Quant à Tidjane Thiam, son exclusion de la liste est également une injustice. La solution aurait été une loi d’amnistie, proposée par le président de la République et votée par l’Assemblée nationale. 

Mais aujourd’hui, c’est trop tard, sauf si les élections étaient reportées. Question : Votre plateforme commune de l’opposition demandait une révision de la liste électorale, la publication des résultats bureau par bureau et une refonte de la Commission électorale indépendante. Rien de cela n’a été obtenu. Pourtant, vous êtes candidate. Pensez-vous que l’élection sera transparente ? 

Ce sera une élection difficile, car aucune de nos revendications n’a été acceptée. Mais je crois que la mobilisation des électeurs peut faire la différence. Je n’appelle pas à manifester dans la rue, mais à voter massivement et à contrôler, dans chaque bureau, que les résultats reflètent la vérité des urnes. 

Tidjane Thiam parle d’un « plébiscite » organisé par le président sortant. Certains estiment que votre candidature sert d’alibi démocratique à Alassane Ouattara. Que répondez-vous ? 

Je rejette totalement cette idée. Je ne pars pas vaincue. Je vais à ces élections avec détermination, pour les gagner. Je ne suis l’alibi de personne. Je n’ai passé aucun accord, ni avec le pouvoir, ni avec un autre candidat. 

j’appelle tous ceux qui n’ont pas pu se présenter, ainsi que leurs militants, à se rallier à ma candidature

Appelez-vous les électeurs de Laurent Gbagbo et d’autres opposants à vous soutenir ? 

Oui, j’appelle tous ceux qui n’ont pas pu se présenter, ainsi que leurs militants, à se rallier à ma candidature. Mon objectif est clair : l’alternance. Je tends même la main aux électeurs du RHDP. 

 Je ne crois pas que la gouvernance d'Alassane Ouattara soit sans reproche

Alassane Ouattara affirme que la Côte d’Ivoire a retrouvé croissance et stabilité. N’est-il pas le favori naturel de cette élection ? 

Je ne partage pas ce constat. Je ne crois pas que la gouvernance d'Alassane Ouattara soit sans reproche. Ceux qui le disent, ce sont ceux qui font la campagne pour lui. Nous au sein de l'opposition, nous avons refusé d'utiliser les armes qu'ils ont utilisées à l'époque pour ravir le pouvoir. Ça fait partie de notre histoire, qu'il faut dire. De plus, nous subissons encore beaucoup d’arrestations. Dire que les Ivoiriens lui donnent un « satisfecit » est faux. Alassane Ouattara n'a donc pas la satisfaction de tous les Ivoiriens. 

Nous voulons des élections apaisées

Redoutez-vous des violences comme en 2020, où il y avait eu plus de 80 morts ? 

J’espère de tout cœur que non. Nous voulons des élections apaisées. Mais pour cela, il faut que les forces de sécurité restent impartiales et que chacun sache raison garder. Que ceux qui assurent la sécurité ne se transforment pas en agresseurs d'une des parties. Que ceux qui ont des ressentiments sachent se retenir. Avec un vrai dialogue politique, nous aurions pu organiser des élections propres et transparentes. 

Malheureusement, ce dialogue n’a pas eu lieu. En conclusion, croyez-vous à vos chances de victoire ? 

Oui, je crois possible de devenir la première présidente de Côte d’Ivoire. J’ai l’espoir, la foi et la détermination nécessaires. Et je suis convaincue que vous m’appellerez bientôt pour me féliciter et m’appeler « Madame la Présidente ». 

Retranscrite par Manuel Zako