
L’annonce, faite dans un communiqué officiel, a eu l’effet d’une douche froide au sein du vieux parti. En lieu et place d’un poste clé, Emmou se retrouve désormais « conseiller spécial du président du parti » — autrement dit, un siège au musée des cadres en sursis.
Que s’est-il donc passé pour que le président du PDCI perde patience ? Selon des confidences bien introduites, Emmou Sylvestre aurait eu le tort suprême de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas. Il aurait vertement exprimé son mécontentement après la signature, jugée solitaire, du document scellant le fameux « front commun ». Pire encore, poursuit notre source, il a osé critiquer la stratégie de désobéissance civile, cette trouvaille politique qui semble plus diviser que fédérer les troupes du PDCI.
Un affront que Tidjane Thiam n’a visiblement pas digéré. Il a donc tranché dans le vif : « celui qui doute, dehors ! » Résultat : Emmou est sorti du cercle décisionnel, relégué à un rôle purement honorifique, sans la moindre incidence sur la marche du parti.
Une purge en préparation ?
Mais l’affaire Emmou n’est sans doute qu’un début. Des sources internes parlent d’un véritable coup de balai en préparation. Plusieurs cadres soupçonnés de tiédeur ou de désaccord avec la ligne Thiam seraient déjà dans le viseur. Objectif : serrer les rangs avant les législatives et museler toute voix discordante.
Le ton est donné : au PDCI version Thiam, la discipline de parti n’est plus une option, c’est un mot d’ordre. Ceux qui oseront parler trop fort risquent de connaître le même sort qu’Emmou : le placard doré, version Cocody.
En débarquant Emmou Sylvestre, Tidjane Thiam envoie un signal fort : la contestation interne ne passera pas ! Le PDCI doit être une armée de marche, pas une tribune de débat. L'ancien banquier reconverti en chef de parti entend visiblement gouverner comme il dirigeait ses entreprises : d’une main ferme, quitte à froisser quelques susceptibilités.
Mais attention : à trop vouloir épurer, on finit parfois par s’isoler. Et dans un parti déjà secoué par les querelles de leadership, le limogeage d’un maire influent comme Emmou Sylvestre pourrait bien réveiller d’autres frustrations. En attendant, une chose est sûre : au PDCI, la saison des règlements de comptes est officiellement ouverte.
Yacouba DOUMBIA