Politique

Le PPA-CI se suicide et met le PDCI en danger

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Pour une fois, le PPA-CI aura été cohérent. Oui, cohérent dans son autodestruction. En décidant de boycotter les élections législatives, le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo vient de signer son propre acte de décès politique. Enfin, il assume jusqu’au bout sa logique du chaos : refuser tout, contester tout, et surtout, perdre tout.

Depuis des semaines, les militants les plus radicaux de la galaxie bleue-marine s’agitaient : “Comment aller à des législatives alors qu’on a crié au hold-up électoral ?” Bonne question. Et surtout, comment participer à une élection organisée par une CEI qu’on a passé des années à traiter d’institution fantoche ? Les mêmes qui, hier, juraient de ne jamais reconnaître cette Commission, se bousculaient pourtant pour aller chercher des tablettes de parrainage il y a quelques mois. Quelle contradiction !

Mais cette fois, la direction du PPA-CI a décidé de “rester droite dans ses bottes”. Résultat : le parti s’offre un magnifique tir dans la tempe. En refusant d’aller aux législatives, il abandonne des dizaines de sièges, des postes d’élus, et surtout, la manne financière qui accompagne la représentation nationale. Moins d’élus, moins d’argent, moins de visibilité, gèle du financement sur l'argent public… plus de désillusion. En somme, le PPA-CI s’installe dans une longue traversée du désert politique. Laurent Gbagbo, lui, semble avoir trouvé la porte de sortie idéale : une retraite tranquille, comme il l'a lui-même annoncé, entouré de fidèles qui s’apprêtent à regarder, impuissants, leur parti s’éteindre à petit feu.

Le hic, c’est que cette “cohérence suicidaire” ne s’arrête pas là. En décidant de plonger, le PPA-CI entraîne son allié du front commun, le PDCI, dans sa chute. Car si les deux partis avaient encore quelques bastions communs  comme Yopougon par exemple, cette alliance de circonstance va voler en éclats. Le PDCI devra désormais compter sur lui-même, sans le renfort de son frère d’armes… devenu fardeau.

En clair, le PPA-CI ne se contente pas de se suicider politiquement : il laisse derrière lui une bombe à retardement pour ses alliés. En politique comme en amour, il faut parfois savoir avec qui on s’associe. Le PDCI, lui, risque d’apprendre à ses dépens qu’en Côte d’Ivoire, même les suicides peuvent être contagieux.

Yacouba DOUMBIA