Placé sous le thème « Nouveau Sud, Vieux Monde », l’événement a rassemblé dirigeants politiques, experts économiques et représentants multilatéraux autour des mutations structurelles qui transforment la scène mondiale.
Dans son allocution d’ouverture, S.E. Moses Vilakati, Commissaire de l’Union africaine pour l’Agriculture et le Développement rural, a martelé : « L’Afrique ne subit plus les transformations globales – elle les impulse. » Représentant le nouveau président de la Commission de l’UA, S.E. Mahamoud Ali Youssouf, il a insisté sur le rôle clé du continent dans la sécurité alimentaire et l’innovation agricole.
Réformer la finance mondiale : une urgence
Les débats ont mis en lumière les dysfonctionnements de l’architecture financière internationale. Camilla Brückner, Directrice du bureau du PNUD à Bruxelles, a alerté sur le retard criant dans l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) : seuls 17 % des indicateurs sont sur la bonne voie. Elle a plaidé pour des « mécanismes financiers innovants, capables d’attirer des investissements durables et d’accélérer l’accès à l’énergie ».
La ministre égyptienne Dr. Rania Al-Mashat a, quant à elle, dénoncé les déséquilibres de pouvoir au sein des institutions comme le FMI : « Les pays en développement représentent 75 % des membres, mais seulement 37 % des droits de vote. Ce n’est pas une anomalie technique – c’est une injustice politique. »
Le « Grand Bond Vert » africain : souveraineté, énergie et industrie
L’Afrique mise sur une triple transition agricole, énergétique et industrielle pour asseoir son autonomie. L’ambassadeur Al-Moustapha Kouyaté, envoyé spécial du président libérien, a présenté le Fonds national pour l’agriculture, une initiative associant petits producteurs, investisseurs et fonds publics pour garantir l’autosuffisance alimentaire.
Les intervenants ont appelé à un changement radical dans les relations internationales. Papa Amadou Sarr, de l’Agence française de développement, a résumé : « L’Europe doit désormais investir massivement, sans arrière-pensée néocoloniale. » L’initiative Global Gateway de l’UE, dotée de 150 milliards d’euros, a été citée comme modèle de coopération renouvelée.
Younous Omarjee, vice-président du Parlement européen, a insisté : « L’Afrique n’est pas un terrain d’expérimentation, mais un partenaire stratégique. Le temps du paternalisme est révolu. »
Prix Africa Political Outlook 2024 : trois leaders à l’honneur
Les x-altdiscussions ont aussi porté sur l’intelligence artificielle, où l’Afrique entend jouer un rôle majeur. Samson Itodo, de l’UA, a illustré comment l’IA améliore déjà la gouvernance locale. L’ambassadeur Bitenge Ndemo a lancé un appel vibrant : « L’Afrique doit adopter l’IA à grande échelle santé, éducation et agriculture en dépendent. »
Le sommet a distingué trois personnalités pour leur impact sur le développement du continent. Il s’agit entre autres de Myriam Dossou d’Almeida (Togo), ex-ministre, pour son combat pour la couverture santé universelle, Dr. Rania Al-Mashat (Égypte), pour la promotion d’une prospérité inclusive et enfin Jean-Yves Ollivier (Fondation Brazzaville), pour son rôle historique dans la fin de l’apartheid et la médiation en RDC.
A l’heure où le Sud global redéfinit les rapports de force, l’Afrique impose sa voix – non plus comme bénéficiaire, mais comme architecte d’un nouvel ordre mondial.
Joël Dally avec Sercom
