
En effet, tout s’est enchaîné avec une vitesse rarement observée dans les partis politiques de cette envergure. Le président en exercice démissionne le dimanche 11 mai à minuit, se désigne curieusement comme président délégué et désigne un président intérimaire le lundi 12 mai à 1h du matin. Celui-ci convoque pour la matinée du même lundi un bureau politique qui fixe la date du congrès extraordinaire à… 48 heures plus tard. Le dépôt des candidatures ? Organisé « in situ », c’est-àdire le même jour du lundi à la maison du Pdci comme dans une pièce de théâtre improvisée où le public serait le dernier averti. Ce "coup de maître", orchestré à huis clos, aura eu pour effet d’éclipser toute possibilité d’opposition sérieuse au sein du vieux parti. Les dés étaient jetés depuis longtemps et le jeu, visiblement, bien verrouillé.
L’épisode rappelle étrangement celui du congrès de décembre 2023, où les « poids lourds » du parti furent tenus à l’écart, ouvrant un boulevard au petitneveu du père fondateur, élu malgré les réserves sur sa conformité aux critères statutaires – notamment l’obligation de dix années de présence au bureau politique. Pourtant, malgré une décision de justice le privant de son éligibilité électorale, Tidjane Thiam ne lâche pas prise. S’il ne peut prétendre à une quelconque candidature à la magistrature suprême, il semble bien décidé à rester le maître des horloges au sein du vieux parti, quitte à s’ériger en faiseur de roi. Une partie de la direction du PDCI, observe, comme tétanisée, le spectacle qui se joue sous ses yeux. Derrière les rideaux, ça murmure beaucoup, mais personne n’ose franchir le pas d’un acte politique fort. Résultat : M. Thiam semble bien parti pour réussir l’improbable pari de faire main basse sur un parti désorienté, presque résigné, dont la vitalité démocratique apparaît désormais mise en veille.
Yacouba DOUMBIA