Profitant d’une séance de formation, initiée par l’Association des femmes chercheuses de Côte d’Ivoire (AFEMCI), le 19 avril 2023 à l’INSP d’Adjamé, Pr Gnionsahé a instruit l’auditoire sur les causes de l’insuffisance rénale. Il a notamment insisté sur les sources du mal chez les enfants, les jeunes et les femmes, en l’occurrence, les femmes enceintes. L’objectif étant de sensibiliser les populations sur la nécessité de prévenir ce tueur silencieux par des gestes simples.
Enfants : attention à l’angine, la sinusite, l’otite
En Côte d’Ivoire, les principales causes de l’insuffisance rénale chez l’enfant et l’adulte, sont les infections. Chez l’enfant et les jeunes, ce sont les infections ORL, en d’autres termes les angines, les rhinites, les sinusites, les otites. Cela ne veut pas dire que tous ceux qui font ces infections vont nécessairement développer une insuffisance rénale. Mais parmi les germes à l’origine des angines et autres, il y en a qui vont produire une toxine qui va affecter les reins.
C’est pour cela qu’il faut traiter de façon systématique, toute infection ORL : angine, otite, rhinite, sinusite. Chez les adultes, la première cause de l’insuffisance rénale, c’est l’hypertension artérielle, ensuite le diabète et le VIH. Il y a certes, des maladies héréditaires, mais ce ne sont pas les causes les plus connues.
Femmes enceintes : l’albumine dans l’urine
Il est vrai que l’insuffisance rénale touche toutes les couches socioprofessionnelles de la population, sans distinction de sexe. Tout le monde est concerné. C’est donc un problème de santé publique. Mais je vais insister sur le cas des femmes, non pas parce qu’elles sont les plus exposées, mais parce qu’il y a des circonstances dans la vie des femmes qui peuvent les exposer davantage et pour lesquelles il est facile de faire la prévention.
Toutes les femmes enceintes par exemple, doivent systématiquement suivre les consultations prénatales dès les premiers mois de la grossesse. Ces consultations sont nécessaires, voire indispensables. C’est pendant les consultations prénatales qu’on va vérifier si la pression artérielle est bonne, s’il n’y a pas d’albumine ni de sucre dans les urines. En temps normal, la quantité d’albumine dans les urines est très faible. On sait qu’au cours de la grossesse, on en trouve un peu. Mais elle ne doit pas dépasser l’équivalent d’une croix. Lorsque que le dépistage précoce n’est pas fait à travers les consultations prénatales, on va au-devant de complications. Il s’agit de l’éclampsie, c’est-à-dire que la femme convulse, la tension monte et elle peut tomber dans le coma.
Ça peut survenir avant, pendant ou après l’accouchement. C’est grave, parce que quand ces femmes qui ont développé l’éclampsie viennent à accoucher sans trop de dommage, au bout de 5 ou 10 ans, trois quarts d’entre elles finissent par développer une insuffisance rénale. Donc, j’invite particulièrement les jeunes femmes à suivre les consultations prénatales et si dans leurs carnets, on indique deux ou même trois croix d’albumine dans l’urine, qu’elles insistent pour voir un médecin. Et donc trois mois après l’accouchement, qu’elles aillent faire des analyses pour vérifier si la situation s’est normalisée.
L’autre population à risque : les diabétiques et hypertendus
Le diabète et l’hypertension sont les principales causes de l’insuffisance rénale chez l’adulte. Donc, quand on est hypertendu et diabétique, il faut suivre son traitement et son régime correctement.
Peut-on guérir de l’insuffisance rénale ?
Il y a deux formes d’insuffisance rénale : l’insuffisance rénale aiguë et l’insuffisance rénale chronique. On peut guérir de l’insuffisance rénale aiguë. En revanche, on ne guérit pas de l’insuffisance rénale chronique, les reins étant détruits de façon irréversible. Ils n’ont plus la capacité de purifier le sang, d’où le recours à la dyalise. Les malades sont obligés de se rendre à l’hôpital deux ou trois fois par semaine pour les soins. La séance dure quatre heures. L’autre traitement, c’est la transplantation rénale. Nous pratiquons la transplantation rénale depuis 2012. Elle coûte 15 millions F CFA.
Retranscrit par Assane Niada
