
Lorsqu’il affirme que le RHDP ne laisserait aucun autre choix au PPA-CI que « l’affrontement politique », il pose un diagnostic qui, bien que compréhensible dans le cadre d’une rhétorique militante, mérite d’être nuancé et réexaminé.
D’abord, parler d’« affrontement » peut prêter à confusion et laisser croire que le débat démocratique en Côte d’Ivoire serait condamné à la confrontation permanente. Or, dans une République moderne, la politique ne se réduit pas à un combat mais à la recherche de solutions, même dans la divergence. Le recours systématique à l’opposition frontale finit par fragiliser davantage le climat politique et par éloigner les citoyens du cœur du débat : leurs besoins concrets en matière de sécurité, d’emploi, d’éducation ou de santé.
Ensuite, M. Katinan soutient que « tout a été fait pour éviter la confrontation ». Mais si l’on observe objectivement, le PPA-CI a souvent adopté un discours de défiance et de rupture radicale vis-à-vis des institutions et ce, avant les arbitrages du Conseil constitutionnel. Or, la démocratie se nourrit du respect des institutions, fussent-elles imparfaites, et de la volonté de proposer des alternatives crédibles dans les urnes, non dans l’affrontement.
Enfin, invoquer la « justice », la « République » et la « démocratie » comme justifications d’une confrontation est paradoxal. La justice s’exerce dans les tribunaux, la République se défend dans le respect des lois, et la démocratie s’exprime par le suffrage universel. Si réellement la cause défendue par le PPA-CI est juste et légitime, elle saura convaincre les électeurs par les idées et les projets (même avec un plan B), non par le bras de fer permanent.
Il est vrai que la compétition politique est rude, et qu’elle peut parfois sembler injuste. Mais la Côte d’Ivoire n’a rien à gagner dans un discours qui enferme les acteurs dans la logique de l’affrontement. La paix, le dialogue et la participation électorale demeurent les armes les plus puissantes pour transformer durablement une nation.
Ainsi, loin de « ne laisser aucun choix », le RHDP comme le PPA-CI ont au contraire la responsabilité historique de démontrer que la démocratie ivoirienne est capable de dépasser les réflexes de confrontation pour s’élever vers une culture de débat apaisé et constructif.
Jacob Koné Katina
Chroniqueur
Consultant en communication