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Vincent Toh Bi, l’ex-préfet d’Abidjan à propos des obsèques de DJ Arafat : « Si l’Etat ne s’était pas impliqué (…), nous aurions connu des drames historiques » 

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Six ans après la mort par accident du King du couper-décaler, Vincent Toh Bi Irié alors préfet d’Abidjan est revenu dans un post hommage sur les événements qui ont marqué les obsèques de DJ Arafat. 

Il avoue n’avoir pas connu personnellement DJ Arafat car vivant à l’étranger dans les grands moments de règne du King du couper-décaler. Toutefois, il connaissait bien sa chanson “Jonathan” qu’il considérait comme un chef-d’œuvre. Malheureusement, le destin aura fait qu’à la mort du Daïshi, il occupait le poste de préfet d’Abidjan. Avec donc ce poste stratégique, il devient l’un des garants de la sécurité de tout ce qui devrait entourer les obsèques du filleul d’Hamed Bakayoko. 

Au cœur donc du dispositif sécuritaire de ces obsèques aux allures nationales, Vincent Toh Bi avoue que sa vie professionnelle ainsi que personnelle a failli basculer. « Ma vie personnelle et professionnelle a pris 3 semaines de vertige à cause de…DJ Arafat », confie-t-il indiquant que « ce qui est arrivé comme une rumeur ce 12 août 2019 est devenue une affaire d’Etat et un sérieux dossier international ». D’ailleurs, pour lui, si l’Etat ne s’était pas impliqué dans l’organisation des obsèques de DJ Arafat, un drame se serait certainement produit. « En ma qualité (à cette époque) de Préfet d’Abidjan, j’ai été chargé de l’encadrement sécuritaire et administratif des obsèques. Ce n’était pas des funérailles d’Etat, mais si l’Etat ne s’était pas impliqué pour encadrer les obsèques de ce célébrissime artiste, nous aurions connu des drames historiques », confesse-t-il. Et pour éviter le pire, le préfet d’Abidjan était visible à toutes les étapes des obsèques. « Je tenais des réunions avec les forces de sécurité, je rencontrais les différents fan clubs de DJ Arafat, je parlais aux membres de sa famille, je prenais des dispositions pour gérer les foules sur le lieu de l’accident devenu lieu de pèlerinage, où affluaient des milliers de personnes tous les jours », se rappelle-t-il.

Malheureusement, déplore Vincent Toh Bi, malgré toute son implication dans l’organisation et la sécurisation des obsèques de DJ Arafat, tout le travail de son équipe sera noirci par le tableau sombre de la profanation de la tombe du président de la ‘’Chine’’. « Après la mise en terre, les jeunes ont commencé à quitter le cimetière. Le dispositif que je coordonnais suivait attentivement la situation. Les états-majors étaient en mode vigilance. C’est alors que l’un de mes collaborateurs est venu me porter la terrible nouvelle : la tombe de DJ Arafat a été ouverte par des hordes de jeunes fanatiques. Ils voulaient s’assurer que c’était vraiment son corps, ils ont ouvert le cercueil. Le Chef d’Etat-Major particulier du président de la République (aujourd’hui ministre de l’Intérieur et de la Sécurité) a alors débarqué à mon bureau pour discuter des mesures préventives urgentes à prendre, puisque cette profanation de la tombe et du corps de DJ Arafat, ajoutée à l’onde de choc, pouvait être un autre problème national, tant la jeunesse était assommée », a-t-il relaté. 

Six ans plus tard, Vincent Toh Bi garde toujours le souvenir que DJ Arafat quoique personnage controversé et incompris, aura marqué son temps grâce à sa créativité et son inspiration débordante. « Aujourd’hui matin 12 août 2025, quand j’ai aperçu sur un gbaka le rappel du décès de DJ Arafat, je me suis rappelé comment le génie de jeunes Ivoiriens pouvait créer tant de passion pour d’autres jeunes Ivoiriens. Je me suis rappelé comment des styles osés et critiqués pouvaient devenir des modèles nationaux et internationaux. Je n’ai aucun doute que la puissance de la créativité des jeunes artistes Ivoiriens et Africains aujourd’hui a puisé une partie de son inspiration dans l’audace de DJ Arafat. L’Histoire part en s’amplifiant », a-t-il témoigné relevant qu’il y a une extraordinaire force de production et de réalisation dans cette jeunesse, force qui ne demande que des conditions appropriées pour éclore. C’est pourquoi, appelle-t-il les jeunes à oser « en tout et partout, comme DJ Arafat ».