Politique

D'Abidjan à Ouagadougou : Mamadou koulibaly entre rejet des infrastructures et culte d'un mausolée

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Paradoxe. Voilà un mot qui revient souvent dans les cercles d’observateurs politiques, lorsqu’on évoque le parcours de Mamadou Koulibaly. Économiste de formation, ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire et figure critique de l’ordre établi, il n’en est pas à sa première dissonance publique. Mais sa participation récente à l’inauguration du mausolée de Thomas Sankara à Ouagadougou, soulève à nouveau, une interrogation sur la cohérence de ses positions.

Depuis plusieurs années, Mamadou Koulibaly s’est imposé comme l’un des plus virulents détracteurs des projets d’infrastructure en Côte d’Ivoire. À plusieurs reprises, il a dénoncé la « démesure » de certaines réalisations telles que le pont Henri Konan Bédié ou la Tour F à Abidjan, future plus haute tour d’Afrique, arguant que leurs coûts sont élevés et qu’ils ont un faible impact sur la réduction de la pauvreté. Une position qui peut sembler justifiable dans un contexte de rigueur budgétaire, mais qui tranche radicalement avec sa participation active à la promotion d’un mémorial à Ouagadougou, à forte charge symbolique, mais sans valeur économique tangible. En effet, Mamadou Koulibaly ne fait pas que soutenir l’initiative burkinabè ; il en est l’un des membres historiques, selon plusieurs témoignages. Dès les premières phases du projet de Mémorial Thomas Sankara, il aurait été engagé aux côtés du comité international, notamment lors de la collecte des fonds. Une implication qui s’est renforcée au fil du temps, jusqu’à sa présence à l’inauguration du mausolée, aux côtés de figures comme Nathalie Yamb, autre activiste controversée dont le lien avec le projet remonte aux réunions d’époque avec le président Jerry Rawlings, pour qui elle assurait la traduction.

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Faut-il y voir une forme de fidélité militante à l’idéologie sankariste ou un simple soutien à une cause symbolique d’un panafricanisme romantique ? La question mérite d’être posée, d’autant que Mamadou Koulibaly n’est pas un homme de symboles, mais de chiffres. En tant qu’économiste rigoureux, il sait mieux que quiconque que le développement d’un pays repose sur la productivité, l’industrialisation et l’investissement dans des infrastructures modernes. Dès lors, pourquoi magnifier un mausolée, certes, historique, alors qu’il rejette des projets structurants sur le plan économique chez lui ? Ce double langage révèle une tension entre l’homme politique et le militant. D’un côté, un économiste rigide qui combat la « mauvaise dépense publique » et de l’autre, un militant panafricaniste ému par le souvenir de Sankara, figure révolutionnaire devenue mythe. Mais cette posture ambivalente finit par brouiller le message et affaiblir la crédibilité du discours. À l’heure où la Côte d’Ivoire multiplie les forums pour attirer les investisseurs, moderniser ses infrastructures et offrir des emplois durables à sa jeunesse, certains choix politiques, même symboliques, méritent d’être relus à l’aune de leur cohérence stratégique. Le rôle des leaders d’opinion n’est pas seulement de critiquer, mais d’éclairer les peuples par des choix responsables, en accord avec les réalités de notre temps. Et dans ce domaine, Mamadou Koulibaly semble parfois hésiter entre l’analyse froide de l’économiste et la ferveur confuse du militant idéologique

Yacouba DOUMBIA

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