
C’est au 3e tour du scrutin que Sidi Ould Tah l’a emporté avec plus de 76,18 % des voix face au Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et au Sénégalais Amadou Hott (3,55 %), alors qu’il était le dernier en rentrer en compagne. Il a donc bénéficié des réseaux diplomatiques de son pays avec l’influence de Mohammed Ould Ghazouani qui a présidé l’Union africaine en 2024. Au cours du scrutin, le Tchadien Mahamat Abbas Tolli a été le premier à être éliminé, ne récoltant que 0,88 % des suffrages, suivi de la Sud-Africaine Swazi Tshabalala (5,9 %). Quelques minutes après la proclamation des résultats, Sidi Ould Tah a prononcé un bref discours devant l’assemblée.
« J’aimerais remercier l’Afrique pour la confiance qu’elle vient de m’accorder. Je vous remercie pour cet honneur dont je mesure la responsabilité et le devoir qui l’accompagnent », a-t-il déclaré, avant de conclure en anglais : « Now, it’s time to go to work. I’m ready ». Né le 31 décembre 1964 à Mederdra, région de Trarza, Sidi Ould Tah est un homme politique et économiste mauritanien chevronné. Depuis 2015, il est président aux destinées de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Sous sa direction, la BADEA a émis son premier eurobond de 500 millions d’euros en 2024 et a lancé un plan stratégique 2025-2030 doté de 18,4 milliards de dollars, axé sur les infrastructures, le soutien aux PME et les investissements stratégiques.
Parcours inspirant
Titulaire d’un Doctorat en sciences économiques et d’un DEA en économie, il a débuté sa carrière à la Banque mauritanienne pour le développement et le commerce, avant d’occuper des postes stratégiques au sein de la municipalité de Nouakchott et du Port autonome de la capitale. En 1996, il rejoint l’Autorité arabe pour l’investissement et le développement agricole à Khartoum, puis la Banque islamique de développement en Arabie saoudite. De retour en Mauritanie, il est nommé conseiller à la présidence, puis ministre des Affaires économiques et du Développement de 2008 à 2015. Elu « Financier de l’année 2025 » lors des Financial Afrik Awards, Sidi est présenté comme candidat du consensus africain, bénéficiant d’un soutien sans faille des pays régionaux, illustrant une volonté claire du continent de reprendre la main sur la gouvernance de l’institution panafricaine.
Selon Nialé Kaba, ministre de l’Économie et du Plan et présidente du Conseil des gouverneurs de la BAD, les différentes expériences lui ont permis de développer une expertise qui sera précieuse. Cette élection intervient dans un contexte géopolitique tendu, où les enjeux de développement, de souveraineté financière et de réforme institutionnelle sont plus que jamais au cœur des priorités africaines. Le Mauritanien hérite, par ailleurs, d’une stratégie décennale (2024- 2033), approuvée l’année dernière en marge des assemblées annuelles, organisées à Nairobi. Au cœur de cette stratégie, les High 5 d’Adesina : nourrir, éclairer, intégrer et industrialiser l’Afrique, mais aussi améliorer la qualité de vie des Africains.
Les « faiseurs de roi »
Avec son équipe de campagne dirigée par Frannie Léautier, ancienne vice-présidente de la BAD et de la Banque mondiale, Sidi Ould Tah a concocté un programme baptisé « Les quatre points cardinaux » : réformer l’architecture financière africaine, transformer le dividende démographique en puissance économique, industrialiser le continent, tout en valorisant ses ressources naturelles et mobiliser les capitaux à grande échelle. Il prône une réforme de l’architecture financière africaine, l’intégration du secteur informel et l’utilisation des technologies émergentes comme la fintech et la blockchain. « C’est un double mandat, une victoire avec une telle majorité n’est jamais arrivée dans l’histoire de la BAD », s’est réjouie sa directrice de campagne, la Tanzanienne Frannie Léautier. En 2015, il avait fallu six tours de scrutin pour qu’Akinwumi soit élu, avec 58,1 % des voix.
Joël DALLY