
Le 19 juin 2025 pourrait bien constituer une date charnière dans les relations déjà fragiles entre les membres de la Coalition pour l’Alternance Pacifique en Côte d’Ivoire (CAP-CI). Ce jour-là, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), conduit par Tidjane Thiam, et le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo, ont signé une déclaration commune actant la création d’un « front commun ». Une initiative qui, en coulisses, a provoqué une onde de choc… notamment chez Simone Ehivet Gbagbo. Selon une source proche de l’ex-Première dame, présidente du Mouvement des Générations Capables (MGC), Simone Ehivet aurait été « totalement surprise » par cette démarche unilatérale.
L’annonce publique de cette alliance, à laquelle elle n’aurait été ni associée ni informée au préalable, a visiblement entamé la confiance qu’elle plaçait dans le leadership du PDCI-RDA au sein de la CAP-CI. Plus encore, le communiqué publié dans la foulée par la Coalition pour l’Alternance Pacifique, dont le PDCI-RDA est pourtant membre fondateur, trahit une forme de gêne collective : « Comme l’ensemble des Ivoiriens, la CAP-CI a appris la signature de cette déclaration », peut-on y lire. Une formule qui en dit long sur le malaise ambiant. D’après un collaborateur direct de la présidente du MGC, « depuis cette date, Simone Ehivet et Tidjane Thiam ne se sont plus parlé ». Une rupture de dialogue révélatrice d’un climat glacial entre deux figures de l’opposition, pourtant appelées à œuvrer de concert pour une alternance démocratique en 2025.
Le désamour semble donc consommé entre l’ancienne Première dame et l’ancien banquier international, aujourd’hui chef du plus vieux parti de Côte d’Ivoire. Derrière les sourires de façade, c’est une fracture stratégique qui se dessine au sein de l’opposition, et plus particulièrement, dans la CAP-CI, déjà fragilisée par des désaccords de méthode et de vision. En politique, l’ombre des ambitions personnelles n’est jamais loin. Et cette récente mésentente pourrait bien compliquer les velléités d’unité, pourtant indispensables à l’approche de la présidentielle. Le front commun voulu par le PDCI-RDA et le PPA-CI ne fait visiblement pas l’unanimité, et risque d’accentuer les lignes de fracture au sein d’une opposition en quête de cohérence. Au-delà du simple incident diplomatique, c’est l’avenir même de la CAP-CI qui se joue. Car, si le dialogue est rompu entre ses principaux artisans, l’idée d’une alternance (pacifique) risque, elle aussi, de rester lettre morte.
Yacouba DOUMBIA