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Affaire « Renvoi d’ascenseur à l’Ex-président » : Pourquoi ALASSANE OUATTARA ne doit rien à LAURENT GBAGBO

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 L’ancien président Laurent Gbagbo et ses partisans, à court d’arguments pour convaincre de la réinscription de leur mentor sur la liste électorale, brandissent la dette morale que le chef de l’État, Alassane Ouattara, est supposé avoir vis-à-vis de ce dernier.

« Alassane Ouattara doit réinscrire le nom de Laurent Gbagbo parce que celui-ci a pris un décret pour qu’il participe à l’élection présidentielle d’octobre 2010 ». Tel est l’argument des proGbagbo pour appeler à un retour d’ascenseur de la part de l’actuel président de la République. L’histoire du décret pris par Laurent Gbagbo alimente l’imaginaire des partisans de l’ancien prisonnier de la CPI qui soutiennent que l’actuel chef de l’Etat serait redevable à son prédécesseur. Certes, ce dernier a effectivement pris ce décret avant la présidentielle d’octobre 2010, mais ce décret tire son essence des accords de Linas-Marcoussis en France, conclus après l’éclatement de la crise du 19 septembre 2002.

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L’une des recommandations de ces accords stipule que tous les protagonistes de la crise du 19 septembre 2002 et signataires desdits accords doivent être candidats à l’élection présidentielle d’octobre 2010. C’est dire que le décret prenait en compte aussi bien feu le président Henri Konan Bédié, écarté de la présidentielle d’octobre 2000 pour « moralité douteuse » et le Président Alassane Ouattara pour « nationalité douteuse ». Les recommandations des accords de Linas-Marcoussis sont venues corriger les décisions iniques prises par l’ancien président du Conseil constitutionnel Tia Koné, aujourd’hui décédé.

L’esprit qui a prévalu lors de la prise de ce décret…

C’est donc faire preuve de mauvaise foi manifeste que de dire que le Président Alassane Ouattara doit renvoyer l’ascenseur à Laurent Gbagbo. Il ne lui doit rien et l’esprit dans lequel ce dernier a pris l’article 48 ne doit pas être occulté. Laurent Gbagbo n’a pas recouru à l’article 48 de gaité de cœur. C’est à son corps défendant qu’il l’a fait. Lors du Forum de la réconciliation nationale en 2001, Laurent Gbagbo a soutenu que l’article 35 a été pris pour écarter Alassane Ouattara de l’élection présidentielle d’octobre 2000. Après les passages des témoins au Forum de réconciliation nationale, présidé par le Premier ministre Seydou Élimane Diarra, les conclusions de cette catharsis nationale ont préconisé la prise d’un décret pour permettre au Président Ouattara d’exercer ses droits civiques.

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Mais l’ancien président Laurent Gbagbo n’a jamais appliqué ses recommandations allant de roublardise en roublardise jusqu’à l’éclatement de la crise du 19 septembre 2002. Et pourtant à la clôture du Forum de réconciliation nationale, Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara et Robert Gueï se sont retrouvés à la résidence du premier cité où ils ont sablé le champagne pour, disaient-ils, sceller la réconciliation nationale qu’était censée sceller le Forum éponyme. Soutenir donc aujourd’hui que le Président Alassane Ouattara est redevable à l’ancien président Laurent Gbagbo, c’est faire preuve sinon d’ignorance du moins de mauvaise foi.

 Ouattara a été écarté par une loi ‘’inique’’

En 2000, Alassane Ouattara a été écarté par une loi inique, un article spécialement conçu pour l’écarter de la présidentielle qui s’est tenue cette année-là. Et Gbagbo au lendemain de sa victoire à cette élection où seuls lui et Gueï étaient candidats parce que tous les autres ont été écartés, avait déclaré qu’il a été élu dans des « conditions calamiteuses ». Monsieur Boga Sacko Gervais qui se dit membre de la société civile (sic !), véritable partisan de la thèse « Alassane Ouattara doit renvoyer l’ascenseur à Gbagbo », ne peut pas soutenir qu’il ignore cette réalité. L’ancien président Laurent Gbagbo n’est pas inscrit sur la liste électorale parce qu’il a été condamné à vingt ans de prison pour le « braquage de la BCEAO ». Se cantonner derrière l’idée selon laquelle il a été acquitté par La Cour Pénale Internationale (CPI) est insuffisant.

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Certes, il a été acquitté par la CPI mais la décision de la CPI doit être bien lue. Laurent Gbagbo a été acquitté pour « insuffisance de preuves ». Et non parce qu’il était innocent. Donc la décision de la CPI n’absout pas Laurent Gbagbo. La CPI ne dit pas qu’il est coupable et elle ne dit pas non plus qu’il n’est pas coupable. La décision de la Cour laisse entendre que pour les accusations de crimes contre l’humanité portées contre Monsieur Laurent Gbagbo, les preuves fournies étaient ‘’exceptionnellement insuffisantes’’ pour le déclarer coupable. Occulter une partie de la décision de la CPI et dire qu’il a été acquitté parce qu’il était innocent, c’est tronquer la vérité.

Demba D. Diallo 

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