
Ce campement est difficilement accessible en véhicule et dépourvu de réseau téléphonique. Il constituait donc une cible idéale : aucune possibilité de résistance organisée et un retard certain dans l’alerte aux Forces Armées. C’est là que les assaillants ont choisi de frapper.
Des criminels, certes. Mais pas des djihadistes
Les premiers éléments de l’enquête écartent l’hypothèse d’une attaque djihadiste. Le mode opératoire ne correspond pas à celui des Groupes Armés Terroristes (GAT), qui cherchent habituellement à séduire et rallier les populations locales à leur cause, révèle notre source d'information. Tout indique qu’il s’agit plutôt d’une bande criminelle organisée ou de supplétifs agissant pour des intérêts obscurs. Plusieurs hypothèses se dessinent, selon une source proche du dossier.
Première hypothèse : les assaillants auraient voulu donner l’illusion d’une attaque terroriste afin de ternir le bilan sécuritaire du régime actuel. Deuxième hypothèse : créer des tensions entre les communautés autochtones lobis et les réfugiés peuhls présents dans la zone. Dernière hypothèse, punir des populations qui refusent d’adhérer aux groupes d’autodéfense opérant de l’autre côté de la frontière. Il fallait choisir un campement isolé et hors réseau de communication qui garantit un maximum d’effet avec un minimum de risque pour les assaillants.
Les Forces Armées mobilisées
Peu de forces de sécurité peuvent être présentes en permanence dans ces zones reculées : la Côte d’Ivoire partage plus de 1 120 kilomètres de frontières avec le Mali et le Burkina Faso. De surcroît, l’attaque, menée par un ennemi atypique, n’était pas prévisible. Néanmoins, selon notre source d'information, des mesures ont été prises.
Une enquête et des opérations de ratissage sont en cours dans la broussaille frontalière pour retrouver les auteurs ; un effort accru de sensibilisation est mené auprès des populations pour éviter tout conflit communautaire ; enfin des troupes ont été renforcées dans la zone afin de rassurer les habitants et prévenir toute récidive. L’attaque de Difita rappelle la fragilité des zones rurales frontalières, où l’isolement constitue une faille sécuritaire exploitée par les criminels. Si les premiers indices écartent la piste terroriste, la Côte d’Ivoire ne relâche pas pour autant sa vigilance face aux menaces multiples qui pèsent sur ses frontières.