Politique

Reportage/Jour de vote à Yopougon : Des rues "vidées" par la peur des populations

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© Droits réservésLe carrefour Sampeurs pompiers de Yopougon.
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Le samedi 25 octobre 2025, était un jour très décisif et très attendu pour les populations ivoiriennes. Puisque c'est le jour fixé par la Commission électorale indépendante (CEI) pour élire le nouveau (ou pas) président de la République.

Dans la commune de Yopougon, la plus grande du pays, les quartiers et les rues étaient, ce jour-là, "vidés" par la peur des populations. Et pour cause, les tensions ici et là enregistrées dans le pays, surtout dans des villes de l'intérieur, n'ont pas été des éléments pour rassurer chaque ivoirien.

Mais pas que, puisque cette commune est également connue comme le fief de l'ancien régime au pouvoir. Celui de l'actuel président du Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), Laurent Gbagbo. Et puisque ce leader de l'opposition n'était pas en lice pour compétir dans cette élection ; puisque certains autres leaders de l'opposition à l'instar de Tidjane Thiam, Pascal Affi N’Guessan, Charles Blé Goudé et même Soro Guillaume, n'ont pas pu prendre part à cette élection, et bien, des milliers d'Ivoiriens issus de cette commune ont décidé de bouder le scrutin... à leur manière. 

Résultats : c'est une commune de Yopougon presque déserte qui a été enregistrée le jour du scrutin. Mais il faut noter que cette désertion n'a été constatée que dans quelques Bureaux de vote (BV), ou du moins, dans ceux que nous avons visité dans les différents quartiers de cette localité.

Puisque, ailleurs, dans les maquis et autres plein air, ils étaient bien là... pour consommer leur alcool "bien glacée". "Moi, je ne vote pas. Je n'ai d'ailleurs jamais voté. Je suis venu prendre une bière pour rentrer chez moi. Je ne suis pas concerné par leur élection", lance, serein un jeune assis dans un maquis de la place. Et un autre à côté de rétorquer : "moi, c'est à cause du match de Premier League que je suis sorti de chez moi. Sinon, je ne suis pas concerné par cette élection". 

Dans les quartiers de Camp militaire, Palais (Kouté), Nouveau quartier, Agbayaté , Terminus 40 ou encore Azito où nous sommes passés, le constat était le même. Des rues désertes, ou du moins, moins fréquentées qu'à l'ordinaire dans cette commune réputée pour sa chaleur humaine.

D'ailleurs, le conducteur du VTC qui nous a conduit à Yopougon ne pouvait que se désoler face au constat des rues et des voies quasi-vidées. "Vraiment, la politique. C'est politique qui peut faire tout ce que vous voyez ainsi. Sinon, comment le grand Yopougon peut être comme ça ?", a-t-il questionné pendant notre trajet Cocody-Yopougon. Il était autour de 7h40 minutes. 

De leurs côtés, les forces de l'ordre étaient bien présentes. En nombre et bien visibles à chaque carrefour de cette commune, il faut dire qu'elles étaient plus que déterminées à sécuriser ce scrutin.

Dans chaque rue, l'on pouvait entrevoir des cargos, mais surtout des cortèges de ces éléments de la police nationale circuler et sillonner. À bord de leurs engins, blindés "de la tête aux pieds", ces éléments n'avaient vraiment pas l'air de rigoler. Dans les rues et surtout devant chaque BV, ils étaient postés par endroit et à l'affût de tout acte de vandalisme. 

Ailleurs, dans les Bureaux de vote (BV), là où les choses "importantes" devraient se dérouler, le constat était bien saisissant. Le manque d'affluence dans chaque centre que nous avons visité était criant. Ou du moins au moment de notre passage.

 Dans chaque établissement visité dans ces différents quartiers, c'est dire qu'il fallait jouer à la devinette pour savoir si oui ou non, l'on allait trouver des électeurs en nombre. Et même si dans certains centres tels que EPP BAD Sikasso, le Groupe scolaire Les bûcherons et le Groupe scolaire Ghandi, l'on a enregistré une bien meilleure affluence, le nombre d'électeurs n'était pas encore à la hauteur des attentes, selon les chefs de ces centres que nous avons approchés.

 Et pour cause, de 8 heures jusqu'à 11 heures, c'est environ une moyenne de 10 électeurs que l'on pouvait noter dans la plupart des BV visités sur un total de plus de 400 électeurs attendus par BV.

Dans l'ensemble, même si les populations (en entendant les chiffres officiels de la CEI) ont souhaité bouder le scrutin, d'autres par contre n'ont pas lésiné sur leurs moyens pour aller accomplir leur devoir civique. Et le tout s'est passé, de ce que nous avons pu constater, dans un calme paroissien jusqu'à la fin de la journée. Dans un rang, cette dame peste de l'attente de l'ouverture des BV qui n'en finit pas.

"Je suis là depuis 6 heures mais rien n'est encore prêt. Je n'ai même pas encore mangé depuis ce matin. Vraiment je ne sais pas ce qu'ils font à l'intérieur mais qu'ils fassent vite, moi je vais voter pour rentrer chez moi", lance-t-elle à notre direction. Il était autour de 8h 25 dans la première école suscitée. Et à cette heure, seulement un BV avait pour l'heure ouvert, qui pouvait recevoir les électeurs.