
En effet, selon des informations concordantes, le certificat de nationalité ivoirienne en possession de M. Tidjane Thiam, établi le 20 juin 2020, a été déclaré "inopérant et de nul effet" par la justice ivoirienne depuis le 22 avril 2025. En conséquence, l’ancien président du PDCI se retrouve dépourvu de tout document officiel ivoirien valide : carte nationale d’identité, passeport, et certificat de nationalité inclus.
Une situation juridiquement délicate
Le cœur du problème remonte à l’élection même de M. Thiam à la tête du PDCI. Il aurait été de nationalité française à cette date, ce qu’il semble avoir reconnu en se rétractant avant toute mise sous tutelle judiciaire du parti. Cette reconnaissance publique relance la question de la validité de son mandat initial, mais surtout de sa capacité à se représenter au prochain congrès. Redevenu formellement ivoirien depuis sa perte de nationalité française le 19 mars 2025, Tidjane Thiam est désormais soumis à la procédure légale pour l’obtention d’un nouveau certificat de nationalité ivoirienne. Celle-ci exige :
Les pièces d’identité ivoiriennes d’un de ses parents,
Le décret de naturalisation française datant de février 1987,
Et le décret de renonciation à la nationalité française du 19 mars 2025.
Or, selon des sources proches du dossier, ni M. Thiam ni ses avocats n'ont, à ce jour, déposé ces documents auprès du Procureur de la République. Une abstention qui soulève de sérieuses interrogations : pourquoi ce refus de fournir des pièces déterminantes à une procédure administrative censée rétablir sa citoyenneté ivoirienne sur des bases solides et légales ?
Risque de poursuites pour "faux et usage de faux" ?
Le refus de dépôt de ces documents aurait, selon des analystes, une motivation judiciaire : éviter d’attirer l’attention du parquet sur une période juridiquement sensible allant du 24 février 1987 au 19 mars 2025, pendant laquelle M. Thiam aurait pu faire usage de documents ivoiriens tout en étant de nationalité française. Une telle situation, si elle venait à être établie par la justice, pourrait entraîner des poursuites pour faux et usage de faux.
Une crise politique loin d’être close
Ainsi, si le congrès du 14 mai peut régler formellement la question de la présidence vacante, la crise de légitimité autour de Tidjane Thiam reste entière. Le PDCI, plus que jamais à la croisée des chemins, devra trancher non seulement en faveur d’un leadership, mais également en faveur de la transparence, de la légalité et du respect des textes, dans un contexte où l’éthique politique est devenue un enjeu majeur.
Le retour de Tidjane Thiam à la tête du PDCI passera donc, inévitablement, par la clarté sur sa situation nationale et une procédure conforme aux exigences du droit ivoirien. À défaut, le parti risque de replonger dans une nouvelle tourmente, et peut-être de nouvelles procédures judiciaires.
O.Y