
Désormais plus rien ne sera comme avant et n’importe qui ne s’autoproclamera entrepreneur de spectacles vivants. L’exercice sera conditionné par la présentation d’une licence. Que l’opérateur soit un diffuseur, un producteur ou une salle de spectacles. Et tout opérateur étranger devra s’associer à un détenteur ivoirien de la licence pour l’organisation de tout spectacle sur le territoire. C’est la substance du message délivré par la ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck, lors de la présentation de l’arrêté n°750/MCF/CAB du 14 octobre 2025 qui régulera désormais le secteur du spectacle vivant en Côte d’Ivoire.

Fruit de plusieurs séances de travail entre le ministère de la Culture et de la Francophonie et les faitières du secteur du spectacle vivant pour la plupart représentées par l’Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire (Aprosci) présidée par Victor Yapobi, cet arrêté, aux dires de la ministre Françoise Remarck, va à la fois « réguler et organiser l'activité, mais surtout sécuriser juridiquement les acteurs en protégeant leurs investissements et aussi créer les conditions de développement pérenne du spectacle vivant ». Cela, parce que la ministre de la Culture et de la Francophonie dit être consciente que l’industrie du spectacle vivant est un « secteur stratégique » mais surtout « le spectacle vivant ivoirien est dynamique, créatif, inventif ».
Corriger les fragilités du secteur et non les accentuer
Pour la ministre Françoise Remarck, cet arrêté n° 0750 /MCF/ CAB du 14 octobre 2025 déterminant le régime des entrepreneurs de spectacles vivants sur le territoire national et qui tire son essence de la loi n° 2014-425 du 14 juillet 2014 portant politique culturelle nationale ainsi que du décret n° 2021-622 du 20 octobre 2021 portant organisation des spectacles vivants sur le territoire national vient corriger les fragilités d’un secteur qui s'est longtemps développée dans un cadre insuffisamment structuré exposant les entrepreneurs à l'insécurité contractuelle, à des pertes financières, voire à des conflits. C’est pourquoi, précise-t-elle que cet arrêté est loin d’être « une contrainte punitive ». Mieux, souligne-t-elle, il « va être un texte de reconnaissance donc de protection et de structuration des entrepreneurs du spectacle vivant ». Pour elle, grâce à cet arrêté, on parlera désormais de professionnalisation, de protection et d'investissement sécurisés. « La licence d'entrepreneur de spectacles vivants n'est donc pas une contrainte punitive. Elle est une reconnaissance officielle, un label de crédibilité, un outil de sécurisation de votre activité », a-t-elle rappelé aux différents acteurs de la chaine de l’industrie du spectacle vivant.
Plusieurs innovations majeures dans la catégorisation des licences
Expliquant le texte ainsi que ses enjeux, la ministre Françoise Remarck a indiqué qu’il met en lumière plusieurs innovations majeures dans la catégorisation des licences (A, B et C), adaptées aux exploitants de salles, producteurs et diffuseurs, l’homologation obligatoire des salles de spectacles pour garantir la sécurité du public et des artistes, ainsi que la billetterie informatisée, destinée à lutter contre la fraude et à renforcer la transparence économique du secteur. « Cette loi aujourd'hui fait et démontre l'importance que le président de la République, Alassane Ouattara accorde au secteur culturel. C'est une loi qui est extrêmement complète et une loi sur la politique culturelle nationale n'est pas évidente à mettre en place. Parce que la culture n'appartient pas forcément à un département, c'est notre identité, c'est notre force. Elle est aussi porteuse de valeurs », a-t-elle clarifié soulignant que « le président de la République a souhaité effectivement aspirer à travers cette loi, sa volonté que les acteurs culturels puissent contribuer à l'économie ».
Un délai de six mois accordé aux entrepreneurs de spectacles vivants pour se conformer
Alors que le texte devait rentrer en vigueur à la date de sa signature, la ministre Françoise Remarck a accordé un délai de six mois aux entrepreneurs de spectacles vivants pour se conformer. Ainsi, devrait-il finalement rentrer en vigueur à compter de juin 2026. Des sanctions sont également prévues contre ceux qui ne se conformeraient pas et qui tenteraient d’exercer illégalement. Ceux-ci devraient payer des amendes allant de 03 à 05 millions F CFA, voir la fermeture des lieux et le retrait de licence en cas de manquements graves ou de fraude. Le délai de validité des licences court sur trois ans.
Une loi saluée par les professionnels, les acteurs et les faitières du secteur
Au nom des faitières, des acteurs ainsi que des professionnels du secteur des spectacles vivants, Victor Yapobi, président de l’Association des promoteurs de spectacles de Côte d’Ivoire (Aprosci), s’est réjoui de l’arrivée d’une telle loi déterminant le régime des entrepreneurs de spectacles vivants sur le territoire national. Pour lui, cela fait plusieurs décennies qu’ils attendaient une telle loi. « Nous avons commencé cette aventure en 2005 », a-t-il rappelé non sans saluer tous les acteurs qui avaient porté ce combat de la professionnalisation, de l’organisation et de la régularisation du secteur des spectacles vivants. « Avant, c'était la cacophonie. Quelqu’un qui a eu 200 millions F CFA va faire venir un artiste et quand ça se passe mal, ce sont toujours les artistes, les promoteurs de spectacles locaux qu’on va accuser. C’est pourquoi je me réjouis qu’enfin notre secteur se dote désormais d’une loi. Cela fait vraiment longtemps qu'on attendait cette loi. C'est vraiment formidable », a-t-il salué.