
L’annonce a été faite par Kounandi Stéphane Coulibaly, directeur de l’Innovation, des Startups et du Secteur privé au ministère de la Transition numérique et de la Digitalisation. Invité de la conférence hebdomadaire « Tout Savoir Sur » du Centre d’Information et de Communication gouvernementale (CICG), M. Coulibaly a indiqué que la première phase de mise en œuvre de ces stratégies démarre dès ce mois d’avril, pour une durée de six mois. Il a lancé un appel à l’implication active des start-ups ivoiriennes et de toutes les couches sociales, notamment dans les domaines prioritaires de l’agriculture, de la santé et de l’éducation.
Le premier d’un montant de 1300 milliards FCFA pour l’intelligence artificielle ; et le second de 1900 milliards FCFA pour la gouvernance des données
Objectif : faire de la Côte d’Ivoire un hub de l’IA en Afrique
L’objectif de ces stratégies est ambitieux : positionner la Côte d’Ivoire comme un hub sous-régional, surnommé "l’Éléphant d’Afrique de l’IA". Un objectif motivé par le classement du pays à la 138e place sur 193 dans le dernier indice de préparation à l’IA des gouvernements, publié par Oxford Insights en 2023. « Ce classement a été un signal d’alarme. Il fallait une réponse concrète pour relever le défi de l’intelligence artificielle et de la gouvernance des données », a souligné Kounandi Stéphane Coulibaly. Deux budgets distincts ont été alloués à ces stratégies nationales. Le premier d’un montant de 1300 milliards FCFA pour l’intelligence artificielle ; et le second de 1900 milliards FCFA pour la gouvernance des données. Le secteur privé a été étroitement associé à l’élaboration et à la mise en œuvre du projet, qui repose sur trois piliers fondamentaux : le financement, l’inclusion et la gouvernance éthique.
Une stratégie participative et inclusive
Le directeur a insisté sur le caractère inclusif et participatif de la démarche : « Nous ne voulons pas d’une stratégie élaborée à huis clos par une élite. Elle doit être le fruit d’une dynamique collective, avec des cas d’usage concrets et applicables dans la vie des Ivoiriens, aussi bien à Abidjan qu’à l’intérieur du pays. » Il a également annoncé l'intégration de cette stratégie dans le Plan national des droits de l’homme et du développement 2026-2030, en cours de finalisation.
Former, inclure et encadrer : les priorités de la stratégie IA
La stratégie IA, selon le conférencier, repose sur trois axes majeurs. Il s’agit de l’investissement qui permettrait de renforcer des capacités, infrastructures, et soutenir la recherche et aux start-ups. L’inclusion quant à elle devrait faciliter l’inclusion sociale, l’égalité des genres, la répartition géographique des projets IA sur tout le territoire. Enfin la gouvernance éthique : encadrement juridique et lutte contre les dérives et biais algorithmiques.
L’IA, une opportunité pour la jeunesse ivoirienne
Selon M. Coulibaly, l’IA est une technologie transversale qui touchera tous les métiers. Il a notamment adressé un message fort à la jeunesse : « L’IA est une chance unique pour nos jeunes, qui constituent un atout démographique majeur. Il faut qu’ils soient curieux, qu’ils se forment, qu’ils créent. Ce sont eux les futurs ingénieurs et entrepreneurs de l’IA ivoirienne. » Interrogé sur les risques de l’IA, le directeur a souligné l’importance d’une gouvernance des données rigoureuse, pour éviter les biais, la désinformation et les usages discriminatoires.
Il a également insisté sur la nécessité d’une vérification humaine des résultats produits par les outils IA, et sur le développement d’un cadre réglementaire solide. « L’IA peut être un levier de progrès, mais aussi un danger si elle est mal utilisée. Il faut des garde-fous. »
Manuel Zako