
En effet, les ministres de la Sécurité et de l’Enseignement technique ont désigné, de manière implicite mais ferme, le Mouvement du 6 juin (M66) comme principal instigateur des protestations ayant secoué le pays le mois dernier.
Un groupe ciblé, une revendication claire
Composé de membres de la société civile, le M66 tire son nom de la date anniversaire du président Faure Gnassingbé, et exige sa démission. À la suite des quatre vagues de manifestations du mois de juin , précisément les 6, 26, 27 et 28 , violemment réprimées, le bilan humain reste lourd : cinq morts selon les chiffres officiels, sept selon les organisations indépendantes.
Des mandats d'arrêt lancés, malgré la distance
Face à la persistance des appels à la mobilisation, le ministre de la Sécurité, le colonel Calixte Madjoulba, a annoncé la délivrance de mandats d’arrêt internationaux à l’encontre de plusieurs activistes exilés. « Nous irons jusqu’au bout ! », a-t-il martelé, soulignant la détermination du gouvernement à retrouver tous ceux qui, selon lui, participeraient à une tentative de déstabilisation de la sous-région.
Bien que les manifestations aient été interdites, les autorités affirment que leur action a permis d’éviter un scénario plus dramatique. « Quel que soit l’endroit où ils résident, on ira les chercher », a insisté le colonel, affirmant que seule la mobilisation des forces de l’ordre a empêché une escalade.
Manifestations interdites, mais pas réduites au silence
Les Togolais ont manifesté à quatre reprises en juin, malgré l’interdiction officielle et la menace policière. Ces rassemblements, violemment réprimés, ont laissé un goût amer : cinq morts selon les autorités, sept selon la société civile. Si l'État parle de maintien de l’ordre, beaucoup y voient une violence d’État maquillée sous le vernis de la légalité.
Le Togo face au regard du monde
Par ailleurs, il faut souligner qu'à l’heure où la société civile gagne en influence grâce aux réseaux et à la solidarité transnationale, cette crise politique dépasse les frontières togolaises. Réprimer une mobilisation citoyenne en la qualifiant de « déstabilisation de la sous-région » revient à nier les fondements même de la démocratie : le droit à la dissidence, à la critique, à la revendication.