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Bishoftu : L’Éthiopie sort ses ailes pour rivaliser avec Dubaï et Istanbul

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L’Éthiopie vient de poser la première pierre de ce qui pourrait bien devenir l’un des plus grands hubs aériens de la planète : un aéroport international à Bishoftu, 40 km au sud de la capitale, estimé à 10 milliards de dollars.

Ce projet titanesque, soutenu par la Banque africaine de développement (BAD), ambitionne de propulser le pays au rang de carrefour aérien incontournable, aux côtés de Dubaï, Istanbul ou Singapour.

Fruit d’un accord signé lundi, la BAD s’engage à mobiliser 8 milliards de dollars sur les 10 milliards requis, dont 500 millions directement injectés. L’aéroport, qui ouvrira ses pistes en novembre 2029, accueillera dès sa mise en service 60 millions de passagers par an, avec un potentiel d’extension à 110 millions. Côté fret, la capacité prévue atteindra 3,73 millions de tonnes annuelles, un record sur le continent.

« Cette étape marque la naissance d’une passerelle panafricaine de classe mondiale, moteur de commerce, de tourisme et d’intégration régionale », a déclaré Mesfin Tasew, PDG d’Ethiopian Airlines, lors d’une cérémonie présidée par Akinwumi Adesina, président de la BAD.

Saturé, l’actuel aéroport de Bole se recentrera sur les vols domestiques. Bishoftu, lui, concentrera tout le trafic international, s’inscrivant dans une stratégie de hub and spoke continental. Le projet ne se limite pas aux pistes : une véritable ville aéroportuaire verra le jour, avec hôtels, centres commerciaux, zones de loisirs et liaisons ferroviaires directes vers Addis-Abeba.

Ethiopian Airlines, fleuron de l’aviation africaine avec 75 ans d’histoire et 7,6 milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel, transportant déjà 19 millions de passagers par an, mise sur ce nouvel écrin pour renforcer sa position de leader, après avoir été élue pour la 7ᵉ année consécutive « Meilleure compagnie aérienne d’Afrique » par Skytrax.

Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed entend ainsi capitaliser sur la position stratégique du pays, à la croisée de l’Afrique, de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient, pour en faire une plateforme économique régionale de premier plan.

Avec un budget de 350 millions de dollars dédié à la réinstallation des communautés affectées, le chantier se veut également un modèle en matière de responsabilité sociale.

Si le pari est réussi, Bishoftu pourrait non seulement redistribuer les cartes du transport aérien mondial, mais aussi confirmer l’entrée de l’Afrique dans le cercle fermé des puissances de l’aviation civile.