
Présenté à la chambre d’instruction de la Cour suprême, il est poursuivi pour atteinte présumée aux biens publics, dans une affaire liée à sa gestion de l’AGEFAU l’Agence de Gestion du Fonds d'Accès Universel.
Une arrestation qui s’inscrit dans une série de purges
Interpellé le 11 août, Maïga avait déjà passé huit jours en garde à vue au Pôle économique et financier. Son arrestation ne survient pas dans un vide : elle s’inscrit dans une vague de répression orchestrée par la junte au pouvoir, qui affirme avoir récemment déjoué un complot militaire visant à renverser le gouvernement. En parallèle, huit anciens membres de son gouvernement ont également été écroués, tandis que son ex-directeur de cabinet, Issiaka Ahmadou Singaré, 80 ans, sera poursuivi sans détention provisoire, en raison de son âge avancé.
De Premier ministre à prisonnier politique ?
Figure emblématique de la société civile et fervent défenseur de la souveraineté nationale, Choguel Maïga avait été nommé Premier ministre en 2021 par les autorités de transition. Toutefois, son mandat s’est brusquement interrompu en novembre 2024, après qu’il eut publiquement dénoncé la junte pour avoir rompu son engagement de restituer le pouvoir aux civils avant mars 2024.
Une posture assumée face à l’adversité
Selon son avocat, Maître Cheick Oumar Konaré, Maïga reste « serein » face aux accusations. « Il estime qu’un homme politique doit s’attendre à tout, y compris à la prison et à la mort », a-t-il déclaré, soulignant la résilience de son client.
Un climat politique sous haute tension
Depuis plusieurs mois, Bamako vit au rythme des arrestations et des suspensions. Le processus électoral est à l’arrêt, les violations présumées des droits humains se multiplient, et les procédures judiciaires contre les anciens responsables civils s’enchaînent. Autant de signaux qui laissent entrevoir une volonté de la junte de verrouiller le pouvoir, quitte à museler les voix dissidentes.