
Une démarche qui illustre l’escalade d’un conflit diplomatique aux ramifications sécuritaires et politiques profondes.
Un drone, deux versions
Selon le communiqué du ministère malien de l’Administration territoriale, le drone aurait été abattu le 1er avril alors qu’il survolait l’espace aérien malien. Bamako dénonce une « violation flagrante » de sa souveraineté. En réponse, Alger rejette catégoriquement ces accusations. Le ministère algérien de la Défense affirme que ses radars ont « établi clairement la violation de l’espace aérien de l’Algérie » par un drone de reconnaissance en provenance du Mali.
Des relations en chute libre
Ce nouvel épisode s’inscrit dans un climat de défiance croissante entre les deux pays. Depuis plusieurs années, les relations bilatérales se détériorent. Le Mali reproche à son voisin du nord une « proximité avec les groupes terroristes », notamment dans les zones frontalières. Une accusation lourde, qui alimente les soupçons et les crispations.
En janvier 2024, la junte malienne avait déjà marqué un tournant en annonçant la « fin, avec effet immédiat » de l’accord de paix d’Alger, signé en 2015. Cet accord, longtemps considéré comme un pilier de la stabilité régionale, semble désormais relégué aux oubliettes.
Vers une bataille juridique internationale
La saisine de la CIJ par Bamako ouvre une nouvelle phase, plus juridique, mais tout aussi sensible. Elle pourrait redéfinir les contours de la souveraineté aérienne dans une région où les enjeux sécuritaires sont exacerbés par la lutte contre le terrorisme et les rivalités géopolitiques.
Alors que les deux capitales campent sur leurs positions, la communauté internationale observe avec inquiétude cette montée des tensions. Le ciel sahélien, déjà chargé de menaces, pourrait bien devenir le théâtre d’un affrontement diplomatique aux conséquences imprévisibles.