
Le président du PPACI, Laurent Gbagbo, et son homologue du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, pourraient suivre l’élection présidentielle d’octobre prochain depuis les tribunes. Autrement dit, en tant que spectateurs. En effet, de sources bien introduites, ils sont absents de la liste électorale définitive que la Commission électorale indépendante (CEI) a publiée ce jour. Il y a quelques jours, nos sources nous apprenaient que la justice avait adressé à la CEI, une liste de personnes à radier de la liste électorale, suite à des décisions de justice.
Article 48 et braquage de la BCEAO
Au nombre de celles-ci, Tidjane Thiam, dont le Tribunal de première instance d’Abidjan avait ordonné la radiation le 22 avril 2025, parce que tombant sous le coup de l’article 48 du Code de la nationalité. Il est donc peu probable que celui-ci figure sur la liste électorale qui a été rendue publique aujourd’hui. D’ailleurs, le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, laisse peu de doute sur le retrait du président du PDCI-RDA de cette liste, ainsi que de tout acteur politique ou citoyen lambda, frappé par une décision judiciaire censée le priver de ses droits civiques. « Si la justice ordonne la radiation, nous, on exécute », a-t-il répété le lundi 2 juin 2025, ôtant ainsi tout doute quant à l’exécution de la radiation de Tidjane Thiam, ordonnée par la justice le 22 avril dernier. Dans le même temps, Kuibiert a indiqué qu’il n’y aura pas de nouvelle révision de la liste électorale avant la présidentielle de 2025.
C’est dire qu’il n’y a aucune chance que l’ancien patron du Crédit Suisse soit dans les startingblocks à la prochaine présidentielle. Il va donc devoir suivre le scrutin depuis les gradins : en simple spectateur. Comme lui, Laurent Gbagbo, va devoir assister depuis les tribunes, à la joute électorale entre les candidats qui auront été retenus pour cette présidentielle. Lui aussi a été radié de la liste électorale, bien avant l’élection présidentielle de 2020, suite à sa condamnation, en janvier 2018, à 20 ans de prison dans l’affaire dite du braquage de la BCEAO. Depuis son retour au pays, le 17 juin 2021, après avoir été acquitté par la Cour pénale internationale (CPI), toutes ses initiatives et menaces en vue d’obtenir sa réintégration ont fait chou blanc. Annoncé absent de la liste électorale qui a été rendue publique ce jour, il ne lui reste plus qu’à suivre la joute électorale d’octobre depuis les gradins. À 80 ans, ce sera sans aucun doute la fin, sans gloire, de son parcours politique.
Dérives des jeunes patriotes et atteinte à l’autorité de l’État
Même sort pour son ex-bras séculier, l’ex-leader des jeunes patriotes, Charles Blé Goudé, condamné lui aussi à 20 ans de prison, le lundi 30 décembre 2019, pour « actes de tortures, homicides volontaires et viol » lors de la crise postélectorale. Privé de ses droits civiques, il avait été retiré de la liste électorale avant la présidentielle de 2020. Malgré ses récurrentes dénonciations, sa radiation est maintenue, selon toute vraisemblance. Tout comme celle de l’ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, qui avait été, lui aussi, condamné à 20 ans de prison, le 28 avril 2020, pour « recel de détournements de deniers publics » et « blanchiment de capitaux ».
En raison de cette condamnation, il avait donc été radié de la liste électorale avant la présidentielle de 2020. Une situation qui ne devrait pas s’arranger, vu que l’ex-leader de la rébellion de 2002 a été à nouveau condamné, le 24 juin 2021, à la prison à vie pour « tentative d’atteinte contre l’autorité de l’État ». C’est donc dire que ni Gbagbo, ni Thiam, encore moins Soro et Blé Goudé, ne devraient être sur « la pelouse » le 25 octobre 2025, quand se tiendra le scrutin présidentiel.
Assane Niada