
Depuis quelques temps, l’on entend comme un véritable « hallali » qui monte des rangs de l’opposition où le président du FPI, Affi N’guessan et la patronne du MGC, l’ancienne Première dame, Simone Ehivet, comme dans un pas de deux, entonnent, en chœur et à l’unisson, une antienne à l’exclusion du président Alassane Ouattara de la course à la prochaine élection présidentielle. Pour le premier, la candidature du mentor des Houphouëtistes serait un « danger » pour la Côte d’Ivoire. Rien que ça.
Et les mots pour traduire son ressenti, sifflent comme des balles. « Cette année, le pouvoir doit accepter enfin une évidence : la perpétuation de ce régime met notre pays en danger. Je le dis avec gravité : Alassane Ouattara n'a pas le droit de se représenter pour un 4e mandat », a-t-il persiflé. Selon lui, « notre cher pays ne peut pas se permettre une nouvelle crise. La Côte d'Ivoire n'a pas le droit de s'entredéchirer. »
Connue pour son aversion pour l’actuel chef de l’État
Quant à la seconde, l’ancienne Première dame, Simone Ehivet, connue pour son aversion pour l’actuel chef de l’État, elle est restée fidèle à ses ressentiments. Aussi s’est-elle indignée des appels adressés au président du RHDP par les cadres et militants de cette formation afin de l’amener à accepter d’être à nouveau candidat. « Les membres de son parti annoncent et proclament chaque jour qu’il va être leur candidat. Maintenant, a-t-il le droit d’être candidat ? », a-telle questionné. Puis, le samedi 31 mai dernier, profitant du meeting organisé par la CAP-CI dont elle est la porte-parole, elle a précisé sa pensée.
« Je demande au RHDP de nous proposer un autre candidat », a-t-elle lancé. C’est le lieu de rafraîchir la mémoire à ces deux personnalités, et par ricochet, à tous ceux qui, comme elles, se sont donné pour mission de retoquer la candidature du président Alassane Ouattara en octobre 2025. Faut-il rappeler, à toutes fins utiles, qu’en 2020, le Conseil constitutionnel avait validé la candidature d'Alassane Ouattara à ce qui doit être considéré comme le premier mandat de la 3e République, puisqu’on le répète, les compteurs ont été remis à zéro, après le référendum constitutionnel de 2016 ?
Ce mandat porte en germe le second
C’est pourquoi, ce mandat porte en germe le second pour lequel le RHDP bat le rappel du ban et de l’arrière-ban de ses troupes, invitant, dans la même dynamique, son leader à se présenter en octobre prochain. Alors, de quoi parlent Affi et Simone ? Pensent-ils que leurs ressentis et humeurs ont valeur de loi et peuvent être opposés au RHDP ? Ou croient-ils qu’il suffit qu’ils se liguent contre la candidature du président Alassane Ouattara pour que son parti s’aligne et défère à leurs desiderata ? À la vérité, ces opposants affichent, par-là, leur incapacité à offrir une véritable offre programmatique aux Ivoiriens, à même de les séduire. Ils préfèrent donc se cacher derrière la contestation de la candidature du chef de l’État afin de faire diversion en détournant l’attention de leurs militants et sympathisants des vrais sujets qui pourraient les mobiliser. À savoir, l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens, but ultime de la politique.
Or, sur ce terrain, le RHDP a une longueur d’avance sur le bilan (famélique) de la défunte refondation dont étaient membres Affi et Simone Ehivet. D’où, la stratégie de la diversion dans laquelle ils semblent s’être inscrits. Autrement, ils savent bien que comme en 2020, rien ne s’oppose légalement à l’éventualité d’une candidature du président du parti au pouvoir. Parce que la loi, c’est la loi. Et ce qu’elle a autorisé en 2020, il n’y a pas de raison qu’elle l’interdise en 2025, d’autant qu’en l’espèce, la Loi fondamentale permet de faire deux mandats. Alors, encore une fois, que veulent Affi et Simone ? Que cache leur opposition à une candidature que la loi autorise ? Faut-il croire que leurs humeurs ou états d’âme sont au-dessus de la loi, censée réguler la vie de la Nation ? Finalement, l’on ne peut s’empêcher de se demander : mais pour qui se prennent-ils ? N’y a-t-il plus de loi dans ce pays pour que chacun se lève et dise ou fasse ce qu’il veut ? Et lorsqu’Affi déclame qu’Alassane Ouattara « n’a pas le droit de se présenter », pense-t-il, lui, avoir le droit d’empêcher celui-ci de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle ? Où se croit-il ? A-t-il déjà oublié qu’en 2020, il était dans cette même logique jusqu’à ce que le Conseil constitutionnel tranche la question en permettant au successeur de Laurent Gbagbo d’être dans les startingblocks ?
Affi et ses comparses étaient allés au bout de leur raisonnement
Il est vrai qu’Affi et ses comparses étaient allés au bout de leur raisonnement, en mettant en place un Conseil national de transition (CNT), un organe subversif dont la création traduisait les velléités séditieuses de l’opposition d’alors (elle n’a pas changé). Mais, l’on sait comment tout cela s’est terminé. En eau de boudin. Avec la mise aux arrêts du même Affi. C’est connu, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Il sait donc à quoi s’en tenir. Il faut l’espérer. Le constat vaut pour Simone Ehivet qui conseille au RHDP de se choisir « un autre candidat ». « De qui se moque-t-elle ? », pourrait-on s’interroger.
A raison. Toutes choses étant égales, par ailleurs, pourrait-elle accepter que l’on demande à son parti, le MGC, de se « choisir un autre candidat » pour une raison ou une autre ? Si ce n’est pas de la provocation, cela y ressemble. En définitive, ce serait un truisme d’affirmer que l’opposition a tout faux en contestant la candidature du président Alassane Ouattara. Parce que c’est une stratégie vouée à l’échec. Pour la bonne et simple raison que les ressentiments de cette dernière ne créent aucune loi et ne sont opposables à personne. Moins encore au RHDP, libre de proposer Alassane Ouattara pour continuer à porter ses couleurs. Sans préjudice pour les desiderata de cette opposition, visiblement en panne de stratégies.
Ambroise Tiétié