
En réalité, ce report n’est qu’un camouflage habile d’une nouvelle tentative de contourner l’interdiction formelle des manifestations décidée par les autorités. Derrière le discours apaisant, la duplicité. Le communiqué publié ce vendredi 7 novembre par la direction du parti en dit long : « Le Président du Parti, Son Excellence Laurent GBAGBO, a instruit la Direction du Parti de privilégier une mobilisation pour rendre hommage à nos disparus. Le PPA-CI invite tous les militants à se rendre à Yamoussoukro pour soutenir les familles des défunts. » Traduction : la marche interdite devient une « cérémonie d’hommage ». La manifestation politique se déguise en veillée funèbre militante. Le message est limpide : le PPA-CI n’a pas renoncé à battre le pavé.
Des morts transformés en arguments politiques
Le plus cynique dans cette mise en scène, c’est l’exploitation pure et simple du drame humain. Les personnes décédées lors des violences post-électorales sont instrumentalisées comme de simples outils de communication. Le parti qui, par ses appels à la désobéissance civile, a contribué à semer le chaos, se drape aujourd’hui dans la posture de victime. Ironie tragique.
Car ces morts, faut-il le rappeler, sont la conséquence directe des mots d’ordre irresponsables lancés par les dirigeants du PPA-CI et du PDCI. Ceux qui, hier encore, appelaient à « la résistance », feignent aujourd’hui de verser des larmes de crocodile sur les dégâts qu’ils ont eux-mêmes provoqués. Laurent Gbagbo, en maître de la manœuvre, avait publiquement salué les manifestants, cautionnant ainsi les débordements qui ont ensanglanté plusieurs villes du pays.
Ce que cherche réellement le PPA-CI, c’est jouer sur la corde sensible. En organisant ces hommages déguisés, le parti veut piéger le pouvoir dans un dilemme : interdire au risque de paraître insensible, ou tolérer et subir un show politique déguisé en recueillement. Une stratégie perverse qui repose sur la manipulation émotionnelle. Mais les Ivoiriens ne sont plus dupes. Ils ont compris le double langage d’un parti qui, sous couvert de paix, attise les braises de la division.
Les autorités face à leurs responsabilités
Ce nouvel épisode confirme une évidence : le PPA-CI reste prisonnier de sa vieille culture de confrontation. Au lieu d’assumer ses erreurs et de s’inscrire dans le jeu démocratique, il s’entête dans la provocation. Les autorités, elles, devront tirer toutes les conséquences de cette dérive. Car derrière l’hommage annoncé, c’est bien une nouvelle tentative d’insurrection politique qui se profile.
En somme, le PPA-CI ne désarme pas : il contourne, manipule et joue sur les émotions. La paix, qu’il prétend préserver, n’est qu’un masque. Derrière, se cache toujours la même logique du chaos.
Yacouba DOUMBIA