Bien avant l’annonce des résultats provisoires, l’ambiance était déjà électrique. La candidature de Stéphane Kipré, en rupture avec la ligne du PPA-CI, a suscité de vives critiques au sein du parti. Les débats houleux entre militants et sympathisants ont rythmé la campagne, parfois ponctués d’incidents avec des habitants. Cette tension a nourri la polémique autour de son choix d’indépendance.
Selon la Commission électorale indépendante (CEI), Stéphane Kipré obtient 55,42 % des voix. Un résultat provisoire qui le place en tête, en attendant la validation officielle. Dans les quartiers, certains célèbrent déjà une victoire symbolique ; d’autres dénoncent une trahison envers la discipline partisane.
Au-delà des chiffres, ce scrutin raconte une histoire de courage politique. En se présentant seul, Kipré a pris le risque de s’aliéner une partie de sa base. Ses partisans y voient un acte d’émancipation ; ses détracteurs, une provocation. Dans les cafés, qu’on appelle communément Grain, les discussions s’enflamment : « Il a osé défier le système », glisse un jeune électeur.« C’est une blessure pour le parti », soupire un militant du PPA-CI.
Un responsable du PPA-CI, joint par téléphone, précise : « Stéphane Kipré a seulement été révoqué de son poste, mais il n’a jamais été exclu du parti. Il reste militant de base. Aucun communiqué officiel n’a annoncé son départ du PPA-CI. »
Fraîchement élu, Stéphane Kipré a dédié sa victoire à son mentor, le Président Laurent Gbagbo. Il a annoncé vouloir le rencontrer dans les prochains jours pour faire amende honorable. Après la proclamation des résultats, il a remercié Dieu et réaffirmé son attachement à Gbagbo.
La CEI doit encore valider les résultats, mais déjà, Gboguhé–Zahibo est devenu le théâtre d’un bras de fer politique qui pourrait inspirer d’autres indépendants. Si la victoire de Kipré est confirmée, elle marquera un tournant : celui d’un candidat qui a choisi de marcher seul… et qui, pour l’instant, semble avoir trouvé son chemin. Les prochains jours diront quel sera son avenir politique et celui de son parti.
