Société

Santé environnementale: L’éradication du mercure dans l’orpaillage et la dentisterie, le combat du Dr Dominique Bailly Kpokro à travers le CASE

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Le Centre africain pour la santé environnementale (CASE) se positionne comme un acteur clé dans la lutte contre la pollution par les métaux lourds et en particulier contre le mercure, tant dans l'orpaillage que dans le secteur dentaire. À la tête de cette ONG, le Dr Dominique Bailly Kpokro accorde une importance cruciale à la sensibilisation des communautés africaines face aux enjeux environnementaux qui impactent directement leur santé. C’est ce qu’il explique dans une interview exclusive accordée à lavenir.ci

Dès son enfance, le Dr Kpokro manifeste une vocation pour le service communautaire, inspirée par son expérience au sein du mouvement scout. Cette passion pour l'environnement se développe au fil des années, alimentée par sa formation en chimie et les réflexions sur l'impact des déchets industriels sur la santé des populations. Son engagement prend une tournure personnelle après avoir perdu sa grand-mère à cause d'Alzheimer, maladie liée à l'exposition à des métaux lourds.

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« Je me suis interrogé sur les causes de cette maladie et j'ai compris l'impact des métaux lourds, en particulier l'aluminium, sur la santé », explique-t-il durant l'interview. Cette prise de conscience devient un moteur essentiel de son engagement au sein de CASE.

L’un des principaux combats de l’ONG est l’éradication du mercure utilisé dans les pratiques d'orpaillage et de dentisterie. Alors que l'orpaillage artisanal, bien qu'il soit source de revenus pour de nombreuses communautés rurales, constitue un risque majeur pour la santé et l'environnement, la dentisterie représente une autre facette de ce combat. Les amalgames dentaires, par exemple, contiennent 50% de mercure, ce qui soulève des préoccupations sérieuses concernant la santé des praticiens et des patients.

Le mercure : un enjeu sanitaire majeur

« En menant des campagnes de mesure du mercure dans l'air dans certaines zones rurales, nous avons découvert des taux alarmants, jusqu'à 12 000 nanogrammes par mètre cube, alors que la norme est de 1 000. Ces résultats ont tiré la sonnette d'alarme », souligne le Dr Kpokro. Face à cette situation, l'ONG s'engage à promouvoir des alternatives sans mercure et à sensibiliser les professionnels de santé et les populations.

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Les justifications scientifiques et les données chiffrées constituent la base des actions entreprises par CASE. Dr Kpokro préconise que le plaidoyer doit s'accompagner d'une sensibilisation des populations sur les risques auxquels elles sont exposées. Grâce à ces efforts, plusieurs pays africains adoptent des réglementations pour interdire l'utilisation de l'amalgame dentaire chez les groupes vulnérables comme les femmes enceintes et les enfants, réduisant ainsi les risques de contamination au mercure.

L’ONG ne se limite pas à la Côte d'Ivoire, mais agit dans 23 pays africains, en s’appuyant sur une approche collaborative. CASE insiste sur le fait que l'Afrique est un « vaste village », et que les problèmes environnementaux traversent les frontières. En facilitant les échanges de bonnes pratiques entre pays, CASE espère renforcer l’impact positif sur la santé environnementale en Afrique.

Une approche holistique à la santé environnementale

Le Dr Kpokro souligne l'importance d'une approche interdisciplinaire pour traiter les enjeux environnementaux. CASE travaille avec des équipes composées de juristes, d'économistes, de sociologues et d'autres experts pour s'assurer que ses interventions soient complètes et adaptées aux réalités locales.

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« Nous ne pouvons pas aborder les questions environnementales de manière isolée. L'interaction entre science, politique et société est essentielle pour obtenir des résultats tangibles », explique-t-il. Cette approche permet de renforcer la confiance entre les différents acteurs, des gouvernements aux ONG, en passant par les communautés locales.

En matière de perspective, le Dr Kpokro identifie l'éducation et la sensibilisation comme des leviers essentiels pour éviter l'utilisation du mercure dans les pratiques industrielles et sanitaires. « Nous devons continuer à élever les consciences, tant au sein des professions de santé que dans le grand public », affirme-t-il.

Vers un avenir sans mercure

Cette vision est également supportée par des initiatives pour la promotion de technologies alternatives dans l’orpaillage, comme l'utilisation de techniques d'extraction sans mercure. Parallèlement, les campagnes d’évaluation du mercure dans l’air et dans les sols continuent d’être essentielles pour mieux informer les décisions politiques et les efforts de régulation.

Sous la direction passionnée du Dr Dominique Bailly Kpokro, le Centre africain pour la santé environnementale joue un rôle indispensable dans la lutte contre la pollution par le mercure. Par des actions concrètes, un plaidoyer solide et une approche holistique, CASE s'érige en défenseur de la santé environnementale en Afrique. Grâce à son engagement, l'avenir semble prometteur pour un continent où la santé et l'environnement ne seront plus en opposition, mais en parfaite synergie.

Joël DALLY

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