En effet, si l’innovation numérique s’impose comme un levier majeur grâce à des coûts attractifs, il n’en demeure pas moins que le secteur doit encore surmonter des inefficacités systémiques et des défis législatifs.
Une progression fulgurante du marché
Selon un rapport publié le 27 mai par Oui Capital, le marché africain des paiements transfrontaliers, actuellement évalué à 329 milliards de dollars, devrait atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici 2035. Cette croissance de 12 % par an repose notamment sur l’essor du commerce intra-africain, l’adoption croissante des moyens de paiement numérique et la popularisation du mobile money, qui apparaît comme une alternative plus économique aux transferts bancaires traditionnels.
L’impact du mobile money
En 2024, le mobile money a représenté 30 % des transferts de fonds transfrontaliers en Afrique. De fait, ce canal permet de réduire significativement les frais, oscillant entre 1,5 % et 3 %, contre plus de 7 % pour les banques classiques. De plus, la part de marché du mobile money, stabilisée à 48 % ces dernières années, devrait continuer de progresser.
Les défis persistants
Toutefois, malgré ces avancées, des inefficacités systémiques subsistent. En effet, les doubles conversions monétaires et la fragmentation des réglementations engendrent des coûts cachés considérables. L’Afrique demeure ainsi la région affichant les frais de transfert les plus élevés au monde, atteignant 7 à 8 % en moyenne. Par ailleurs, les canaux informels et les transferts bancaires traditionnels restent ancrés dans les habitudes des consommateurs africains, en raison du manque de confiance et des infrastructures limitées.
Des solutions innovantes pour un avenir prometteur
Cependant, des solutions technologiques émergent pour surmonter ces obstacles. D’une part, l’Afrique représentait 66 % de la valeur mondiale des transactions d’argent mobile en 2022, illustrant la formalisation rapide du secteur. D’autre part, des infrastructures comme les API interopérables, les pools de liquidités FX décentralisés et les intégrations PAPSS offrent des opportunités d’investissement estimées à plus de 10 milliards de dollars.
En outre, le Système panafricain de paiement et de règlement (SPA) facilite les transactions en monnaie locale, réduisant ainsi la dépendance au dollar et à l’euro, ce qui représente une économie potentielle de 5 milliards de dollars par an. Par ailleurs, les cryptomonnaies et stablecoins offrent une alternative prometteuse, permettant de réduire les coûts de transfert jusqu’à 60 %, à condition qu’une réglementation adaptée soit mise en place.
Vers une transformation durable
Bien que 55 % des législations africaines autorisent la connaissance électronique des clients (Know Your Customer - KYC), ce qui limite l'expansion des FinTech, le rapport de Oui Capital encourage à aller au-delà des simples transferts d’argent pour inclure des services financiers tels que les prêts et assurances.
Finalement, la transformation du secteur des paiements transfrontaliers en Afrique repose sur trois piliers : liquidité, conformité et réduction des coûts. Ceux qui parviendront à résoudre ces enjeux façonneront l’avenir du commerce numérique africain au cours de la prochaine décennie. « La course aux paiements en Afrique est désormais une question d'échelle. Ceux qui trouveront des solutions en matière de liquidité, de conformité et de coûts définiront l'épine dorsale du commerce numérique du continent au cours de la prochaine décennie », conclut le rapport.
Parfait K
